The Three Investigators 2.The Mystery of the Stuttering Parrot (1964)/Les Trois Jeunes Détectives 2.Le Perroquet qui bégayait (1967)


  Cet article étant très développé, il dévoile beaucoup d'éléments d'intrigue. Il est donc fortement conseillé aux lecteurs n'ayant pas lu le roman et/ou ayant l'intention de le faire, de revenir ici plus tard.

SOMMAIRE:

Boiry, 1981.
AVANT-PROPOS

I.Personnages principaux

     A.Jupiter/Hannibal Jones

          1.Apparence physique
          2.Talent de comédien - Transformation physique
          3.Expression orale
          4.Crédibilité
          5.Relâchement 
          6.Réaction face au danger
          7.Les méninges en action
          8.Frustration
               a.Face à l'impasse
               b.Exigence
          9.Ironie et condescendance envers Peter
          10.Dans le brouillard

     B.Peter Crenshaw/Crentch
       
          1.Apparence physique
          2.Nervosité et réticence 
          3.Un peu de motivation
          4.One-liners 
          5.Relation avec Jupiter/Hannibal
               a.Irritation
               b.Émulation
               c.Résignation et confiance aveugle
          6.Évolution positive, rédemption du personnage
               a.Pertinence
               b.Sens de l'orientation
               c.Initiative et stratégie
               d.Félicitations méritées
     
      C.Bob Andrews/Andy
         
          1.Apparence physique
          2.Prise de notes et rôle d'archiviste
          3.Recherches à la bibliothèque municipale
          4.Culture générale solide
          5.Influence de l'enquête sur son inconscient 
          6.Mise en perspective de l'enquête 
          7.Humilité
          8.Protestation et amertume

II.Les Secrets des Trois Jeunes détectives

          1.Red Gate Rover et la Porte 4
          2.Le Quartier général 
          3.Le Tunnel n°2

Illustration slovaque, Jozef Cesnak.
III.Personnages et éléments d'intrigue:

     A.Carlos Sanchez

       1.Rencontre avec les détectives
       2.Particularités
               a.Accent
               b.Passion pour l'automobile
               c.Pauvreté
       3.Défaut dans la continuité

     B.John Silver et M. Claudius

          1.John Silver
               a.Entrée en scène
               b.Dressage des perroquets
               c.La blague à M. Claudius
          2.M. Claudius
               a.Le tableau
               b.Temporalité - Contretemps

     C.M. Huganay
  
          1.Sur les traces de M. Claudius
               a.Soupçons 
               b.L'enlèvement des perroquets
          2.Particularités
               a.Pays d'origine et raffinement
               b.Un redoutable adversaire
               c.Félicitations téléphoniques



     D.Les perroquets et leurs messages
     
Illustration allemande, Aiga Rasch.
          1.Références culturelles
          2.L'énigme de John Silver en 7 parties
               a.Little Bo-Peep/Petit Patapon (Partie 1)
               b.Billy Shakespeare (Partie 2)
               c.Blackbeard/Barbenoire (Partie 3)
               d.Robin Hood/Robin des Bois (Partie 4)
               e.Sherlock Holmes (Partie 5)
               f.Captain/Capitaine Kidd (Partie 6) 
               g.Scarface (Partie 7)

IV.Temporalité 

          1.Saison
          2.Suite directe du premier tome:
          3.Chronologie

V.Continuité

          1.Publicité pour les détectives
          2.Vers une troisième enquête
          3.Alfred Hitchcock change d'avis


AVANT-PROPOS:

  The Mystery of the Stuttering Parrot a été publié à l'origine en 1964 par Random House. L'illustration de couverture est de nouveau exécutée par Ed Vebell et les illustrations internes par Harry Kane. La première publication britannique fut plutôt tardive puisqu'elle sortit la même année qu'en France, en 1967. L'éditeur Collins reprenait la couverture originale d'Ed Vebell mais contenait les illustrations internes de Roger Hall.
  La première publication française du Perroquet qui bégayait chez Hachette dans la collection Idéal-Bibliothèque (1967) employait de nouveau les services de Jacques Poirier pour la jaquette et les illustrations internes. C'est le seul tome de la série française qui aura eu trois illustrateurs. En 1977, le roman fut réédité une première fois dans la Bibliothèque Verte (avant la réédition d'Au Rendez-vous des Revenants en 1979... c'est étrange.) avec les illustrations (couverture et internes) de Madeleine Prévost. J'en connaissais la couverture sans savoir de qui elle était et j'ignorais qu'il existait des illustrations internes différentes de celles de Jacques Poirier jusqu'à très récemment, juste avant de commencer la rédaction de cet article, pour tout vous dire. Par contre, je connaissais déjà le travail effectué par Boiry pour la réédition de 1982 (le copyright des illustrations est de 1981, c'est l'année que j'utilise dans les légendes) pour Le Livre de Poche Jeunesse (Hachette). Cette série est toujours utilisée pour la réédition la plus récente et disponible à la vente, contrairement à tous les volumes de la Bibliothèque Verte. (En tant que libraire, je me suis aussi rendu compte que c'est un roman qui était étudié dans certains collèges il y a encore récemment. Si c'est encore le cas, certains ados pourraient donc tomber sur cet article et s'en inspirer, voire le pomper!)
  En ce qui concerne la traduction française, la toute première édition de 1967 (Idéal-Bibliothèque) et la réédition de 1977 (Bibliothèque Verte) mentionnent de nouveau "Tatiana Bellini". Mais les éditions ultérieures (Le Livre de Poche, 1982 et Bibliothèque Verte, 1994) mentionnent Vladimir Volkoff. Les textes étant totalement identiques, il est donc encore incertain de se prononcer sur l'identité réelle du traducteur.
  L’ambiguïté se renforce en comparant la traduction du premier et du deuxième tome. Le premier avait quelques choix discutables, mais dans l'ensemble, il y avait un effort de suivre le texte original, de garder toutes les idées contenues dans une phrase ou un paragraphe. Dans Le Perroquet qui bégayait, le texte est beaucoup plus adapté, j'ai du moi-même fréquemment traduire certaines choses importantes que la traduction omettait. Mes traductions resteront en texte blanc, le vert étant réservé à la traduction officielle.
  Beaucoup moins fidèle, l'adaptation française du deuxième tome laisse à l'esprit deux hypothèses: soit il s'agit de deux traducteurs différents dont les noms ont été permutés par erreur au fil des rééditions soit il s'agit du même sous pseudonyme (à savoir Vladimir Volkoff) qui a décidé de lâcher du lest pour le lecteur français. Deux éléments pourraient être en faveur de la première, même si c'est encore trop ténu pour constituer une preuve. Tout d'abord, dans le premier, Hannibal vouvoie sa tante, dans le second, il la tutoie. C'est peut-être une simple inattention attribuable à un seul et même traducteur. D'autre part, le juron "Mazette" est beaucoup employé dans le second tome alors qu'il était absent du premier. Comme le doute persiste, j'ai donc préféré éviter de nommer le traducteur au fil de mon article.

Madeleine Prévost, 1977.

I.Personnages principaux:

  Maintenant que les personnalités des protagonistes ont été établies, je m'attacherai à examiner si la continuité est bien soignée et de signaler de nouveaux éléments. Pour éviter la monotonie, j'éviterai de rester dans le même schéma que l'article précédent. C'est quelque peu difficile, car beaucoup de choses sont répétées par l'auteur, ce qui est logique puisqu'il ne veut pas que son lectorat acquis ou nouvellement acquis ne perde pas à l'esprit la continuité narrative de sa création.

A.Jupiter/Hannibal Jones:

Madeleine Prévost, 1977.

1.Apparence physique:

  Il n'est pas vraiment utile de s'attarder sur le physique attribué au personnage de Jupiter/Hannibal. Toutefois, il est bon de signaler que, au premier chapitre, Robert Arthur rappelle à ces lecteurs ou à ceux qui n'auraient pas lu le premier tome, son apparence générale:

  "Across the path, Jupiter, stocky and sturdily built, crouched behind a bush."

  "De l'autre côté du sentier, Hannibal Jones essayait de dissimuler sa massive silhouette derrière quelques buissons."

  Dans l'introduction d'Alfred Hitchcock pour ce deuxième tome, celui-ci nous rappelait quelque chose d'important:

  "[...] He has a round face which can mirror complete imbecility, but which in fact has behind it a shrewd and often penetrating mind."

  "[...] Il prête quelquefois à son visage l'apparence de la plus parfaite stupidité. Le moins qu'on puisse dire, c'est que cette apparence est trompeuse."

2.Talent de comédien - Transformation physique:

  Le chef des détectives en a conscience et il lui arrivera dans les épisodes ultérieures de renforcer cette impression face à certains personnages. Cependant, il sait tout aussi bien faire l'inverse et paraître plus adulte comme de la première rencontre avec le trafiquant d'art français, M. Huganay, au Chapitre 3:

  "[...] May I speak to your master?"
  [...] Now Jupiter emerged from the car.
  "You wanted to speak to me?" he asked.
  The man looked surprised.
  "You - ah - you are the owner?" he asked.
  "It is mine for the moment." Jupiter's voice was offhand. Because of his childhood acting experience, he could appear well poised in almost any situation. "I may make a change later."

  "[...] Pourrais-je parler à votre maître?"
  A ces mots, Hannibal descendit à son tour et, en excellent comédien qu'il était, prit son air le plus dégagé.
  "Vous voulez me parler? demanda-t-il.
  -Vous..., vous êtes le propriétaire de cette Rolls? questionna l'étranger, visiblement surpris.
  -Je m'en sers pour le moment... J'en changerai peut-être dans quelque temps."

  On remarque que l'adaptation française ne prend pas en compte "childhood", effaçant visiblement une fois de plus l'élément établi par le texte original de l'expérience réelle du personnage. Elle se réduit ainsi à une capacité circonstancielle et ponctuelle plus qu'à un talent qui prend ses racines dans le passé. On décèlera pourtant une seconde allusion à ce passé au Chapitre 8 où Peter et Bob tombe nez à nez avec leur ennemi Skinny Norris. Celui-ci appelle Jupiter/Hannibal "Fatso Jones". Traduit par "Gros-plein-de-soupe" dans l'édition française, le lecteur français y perçoit bien le mépris en référence non seulement à son physique mais y perd celle du nom du personnage qu'il jouait à la télévision ("Baby Fatso") quand il était petit.

  On l'avait déjà vu lors de son imitation d'Alfred Hitchcock, le chef des détectives se transforme littéralement, c'est autant une performance physique qu'un jeu psychologique reposant sur les mots et la façon de les exprimer. La phrase suivante n'est pas traduite dans l'édition française:

  "Jupiter let out a deep breath and slumped back into his normal, somewhat stocky, boyish appearance again."

  Ma traduction: "Laissant échapper un profond soupir, Hannibal rendit soudain à sa silhouette quelque peu trapue son apparence normale, celle d'un jeune garçon."

3.Expression orale:

  Sa façon de parler est certes très utile pour paraître plus mature dans cet exercice récurrent de comédie. Cependant elle est est devenue tout à fait naturelle avec le temps, jusqu'à devenir un peu trop érudite pour les personnes qui le côtoient  On en trouve par exemple deux mentions dans le Chapitre 4:

  "[...] Jupiter certainly does strange language sometimes."
  "He can't help talking in long words," Bob said. "He's read so much, the long words just come out automatically. Besides his Uncle Titus talks that way, too. You get used to it."

   "[...] Il est impossible de se rappeler mot pour mot les messages d'Hannibal Jones: ils sont si bizarres."

NOTE: Cette partie d'un dialogue entre Bob et sa mère donne un détail supplémentaire que la traduction française malheureusement omet. Il ne concerne pas Jupiter/Hannibal mais son oncle Titus. Selon Bob, ce dernier aurait aussi tendance à s'exprimer comme son neveu. C'est quelque chose qui ne sera pas abordé ici mais dans la deuxième partie de la série d'articles consacrés à Mathilda et Titus Jones.

  Mais pour en revenir à Jupiter/Hannibal, voici la seconde mention du Chapitre 4:

  "The speech was typical of Jupiter Jones, who had been reading everything he could put his hands on for years. He couldn't seem to think in short words."

  "Hannibal s'exprimait la plupart du temps dans un style aussi compliqué."

  Elle apparait dans la narration à la suite d'une de ses tirades adressés à Peter et Bob, alors qu'ils sont réunis dans leur quartier général. Elle manifeste déjà un sentiment d'urgence concernant l'enquête entamée ("It is imperative we make some progress", littéralement "Il est impératif pour nous de faire avancer l'enquête". Il s'agit de ma traduction.) qui semble déjà perturbée par des impondérables (en l'occurrence la tante Mathilda qui lui demande d'effectuer quelques corvées). C'est pour cela qu'il cherche "some line of investigation"/"un plan de travail" pour ses acolytes afin de ne pas stagner.

4.Crédibilité:

  En fait, cette utilisation de termes bien spécifiques trahit cette volonté du personnage de donner à tout moment de la crédibilité à l'agence qu'il a créée. Pour lui, il est donc absolument indispensable de ne pas perdre à l'esprit le sérieux de cette démarche. C'est la raison pour laquelle il persiste à la rappeler de diverses manière à ses collaborateurs. Dès le premier chapitre, alors que Peter et lui sont menacés par M. Claudius qui joue l'imposteur, n'a-t-il pas une bonne raison de résister à l'envie de s'échapper?

  "Don't try to run, boys!" the fat man warned. "Or you'll wish you hadn't."
  "Don't run, Pete," Jupiter whispered. 'That would be the worst thing possible. We want to convince Mr. Fentriss we are here on legitimate business."

  "Je ne vous conseille pas d'essayer de vous sauver, les garçons, prévint l'homme. Vous le regretteriez.
  -Ne cherche pas à fuir, Peter, souffla Hannibal. Ce serait la pire chose à faire. Nous devons expliquer à M. Fentriss que nous étions venus ici avec de bonnes intentions."

NOTE: je trouve que "bonnes intentions" ne rend pas assez compte de l'aspect professionnel que l'expression "legitimate business" suppose. Jupiter pense également à leur réputation face à celui qu'il croit être M. Fentriss, ami, je le rappelle, d'Alfred Hitchcock.

  Cette attitude professionnelle ne se limite pas aux personnes extérieures à l'agence. Jupiter/Hannibal ne sort pas de son personnage, car il ne joue justement pas à un rôle d''apprenti détective. Là, il ne transforme pas son apparence pour tromper les autres. Il se considère comme un détective à part entière. Au Chapitre 7, par exemple, il se fend d'une sentence qui semble sortie d'un manuel:

  "[...] A good investigator must always expect setbacks."

  "[...] Un vrai détective doit savoir faire contre mauvaise fortune bon cœur."

  Et sa réaction flegmatique au défaitisme de Peter au Chapitre 9 y fait écho:

  "Great," Pete remarked. "We're making terrific progress. All backwards."
  "A momentary setback," Jupiter observed."

  "Ça s'appelle progresser à rebours, commenta Peter.
  -Un échec temporaire, conclut Hannibal."

5.Relâchement:

  Aussi sérieux et exigeant qu'il soit, Jupiter/Hannibal accorde à Peter une légère entorse à son naturel à la fin du Chapitre 7, lorsque la pression de l'enquête n'est pas encore à son maximum:

  "[...] All the way back to Rocky Beach Jupiter sat with his hand hunched, pinching his lower lip, his mental gears spinning so hard Pete could almost hear them whir.
  When they got back to The Jones Salvage Yard, Pete ventured to ask Jupiter what he had figured out.
  "I want to sleep on it before I try to figure out the meaning of what we know so far," his partner told him. "We must begin to-morrow by rechecking our facts. Frankly, this case has taken on aspects which puzzles me."
  "They don't puzzle me a bit," Pete told him. "They just baffle me completely. Jupe, couldn't you talk plain English once in a while? I mean, just for a change. Couldn't you say this case is a real skull-buster?"
  Jupiter looked at him intently.
  "All right," he agreed. "I'll say it. This case is a real skull-buster!"

Jacques Poirier, 1967.

  "Sur le chemin du retour, Hannibal ne cessa de se pincer la lèvre inférieure. Son cerveau travaillait à plein régime.
  "Et alors? demanda Peter lorsqu'on fut arrivé au Paradis de la Brocante. Tu as trouvé quelque chose?
  -La nuit porte conseil, répondit Hannibal. Demain matin, je classerai les faits que nous connaissons. Pour l'instant, j'avoue que cette affaire me laisse un peu rêveur.
  -Pourquoi un peu? Moi, elle me laisse complètement baba!
  -Eh bien, moi aussi, avoua Hannibal. Com-plè-tement ba-ba!"

NOTE: il est dommage que la traduction tronque la réplique de Peter qui reproche à son chef de ne pas s'exprimer plus simplement ("Ne pourrais-tu pas de temps en temps parler simplement. Pour changer, je veux dire. Ne pourrais-tu pas dire que cette affaire est un vrai casse-tête?"). C'est là-dessus que repose le comique de cette scène. Le lecteur apprécie cet effort autant que Peter. D'autre part, je préfère le terme de "perplexe" là où la traduction emploie celui de "rêveur".

6.Réaction face au danger:

  Ce léger relâchement est donc perçu comme un soulagement, car, à la fin du Chapitre 3, non seulement Jupiter/Hannibal rappelait son adjoint à l'ordre face au défaitisme de ce dernier mais la tension ne s'était en plus pas fait attendre pour se manifester sous la forme d'un danger bien physique :

  "[...] But how much chance have we of ever finding Mr. Claudius again?"
  "We are investigators. We have intelligence," Jupiter said. The determined look on his face told his partner that nothing was going to change his mind. "In addition - Look out!"
  He flung himself against Pete, and they went down together in a tangle of arms and legs. Something large and solid whizzed by the place Pete's head had been a moment before, and ploughed into the soft turf.
  "Get - get off me!" Pete gasped, all his breath gone, for Jupiter had fellen directly on his stomach. "I can't - breathe. I can't - move."
  Jupiter scambled up, and Pete drew a deep breath. Slowly he got to his feet, as his partner pulled the object from the grass. It was a piece of red clay tiling, like the red tiles on the roof of Miss Waggoner's bungalow.
  "If that had hit either of us," Jupiter said, "it would have incapacitated us for a long time. Fortunately I saw a movement in the bushes just before it came sailing towards us."
  "Th-thanks," Pete said shakily. "Who threw it?"
  "I did not observe the one who threw it. However, I feel sure it was meant as a warning. Someone does not want us to look for Billy Shakespeare or Little Bo-Peep!"

Jacques Poirier, 1967.

  "[...] Mais quelle chance avons-nous de retrouver M. Claudius]?
  -Ce n'est pas une question de chance, répondit noblement Hannibal: c'est une question de raisonnement... Attention!"
  Se jetant sur Peter, le détective en chef le déséquilibra: les deux garçons roulèrent sur la pelouse qui bordait la chaussée. Un objet plat, rouge et pesant, fendit l'air au-dessus d'eux et alla se planter dans la terre un peu plus loin.
  "Laisse-moi, tu m'écrases. Je ne peux plus respirer", gémit Peter.
  Hannibal se releva. Peter reprit son souffle. Déjà le détective en chef avait retiré du sol le projectile qu'il venait d'éviter. C'était une tuile rouge, comme celles du bengalow de Mlle Waggoner.
  "Si elle avait atteint l'un de nous, elle l'aurait envoyé à l'hôspital pour un bout de temps, remarqua Hannibal. Heureusement, j'ai vu que les buissons bougeaient...
  -M... merci, balbutia Peter. Qui nous a lancé cela?
  -Je n'ai pas vu le lanceur. Mais c'est sûrement quelqu'un qui ne tient pas à ce que nous nous occupions de Shakespeare ni de Patapon."

Boiry, 1981.

  L'attitude de Jupiter/Hannibal rappelle ici sa bravoure lorsque les deux mêmes protagonistes étaient fait prisonniers dans le chateau du premier tome. Une détermination farouche et insensible au réel danger auquel Peter fait pertinemment allusion au Chapitre 11, alors que le responsable de ce jet de tuile se dénonce:

  "I immediately went to get Bo-Peep, before Mr. Fentriss could warn Miss Waggoner. The house was empty. I had to steal Bo-Peep, too - I had no choice. I was just leaving through the grove of trees when I saw two boys returning with Miss Waggoner."
  "That was me and Jupiter Jones," Pete said accusingly. "Then it must have been you who chucked that piece of tile at us?"
  "Yes, yes." Mr. Claudius passed his hand over his forehead. "Please forgive me. I wasn't trying to hurt you, only to frighten you."
  "That sort of thing just makes Jupiter more determined," Pete said."

  "Je me suis rendu chez Mlle Waggoner immédiatement pour que Fentriss n'eût pas le temps de la prévenir. La maison était vide. J'ai pris Patapon. Je ressortais lorsque j'ai vu deux garçons qui se dirigeaient vers la maison, en compagnie d'une vieille demoiselle.
  "C'était Hannibal Jones et moi, dit Peter d'un ton accusateur. Et c'est sûrement vous qui nous avez jeté cette vieille tuile?
  -C'était moi, reconnut M. Claudius. Je ne voulais pas vous blesser: vous effrayer seulement.
  -Vous n'avez réussi qu'à rendre Hannibal encore plus décidé à savoir le fin mot de l'affaire."

7.Les méninges en action:

  La détermination du chef des détectives est également cérébrale. Dans le premier article principal, j'évoquai la façon dont il se plongeait dans une profonde réflexion en se pinçant la lèvre inférieure, ce tic est bien évidemment de nouveau plusieurs fois décrit dans la narration (vous avez pu déjà le constater plus haut et continuerez à le faire plus bas) comme dans ce passage à la fin du premier chapitre:

  "Jupiter nodded, pinching his lower lip, always a sign that his mental machinery was moving into high gear. [...]
  They had gone almost ten blocks when suddenly Jupiter whirled around.
  "Worthington!" he cried. "We have to go back. Fast!" [...]
  "Gleeps, Jupe! What bit you? Why are we going back?"
  "Because now I know what was wrong," Jupiter said, his round face flushed with excitement."

  "Et Hannibal de se pincer la lèvre inférieure entre deux doigts, ce qu'il faisait toujours lorsqu'il réfléchissait sur un point difficile. [...]
  On roulait déjà depuis un moment lorsque, soudain, Hannibal se retourna.
  "Warrington, il faut retourner là-bas! Vite." [...]
  -Quelle mouche t'a piqué, Babal? demanda Peter. Pourquoi faut-il que nous allions là-bas encore une fois?
  -Parce que j'ai trouvé ce qui ne collait pas [...]."

  Aussi importante que soit cette péripétie (il comprend que l'homme a qui ils eu affaire n'est pas M. Fentriss), elle ne repose que sur une observation logique qui ne cadre pas avec les propos de M. Claudius.
  L'énigme principal du roman sera d'une toute autre difficulté et les méninges du détectives en chef seront mises à dure épreuve. Toutefois, à l'instar de Sherlock Holmes (et je ne choisi pas cette comparaison par hasard, vous le savez déjà si vous avez lu le roman), les rouages du cerveau de Jupiter/Hannibal et la façon dont ils tournent nous sont souvent, dans un premier temps, invisibles autant qu'à ses acolytes. Cela nous est confirmé au Chapitre 6:

  "It wasn't always easy to follow Jupiter Jones's thinking. Sometimes his brain seemed to take short cuts."

  "Il n'était pas toujours facile de suivre les raisonnements de Hannibal Jones. Parfois son cerveau semblait prendre des raccourcis."

  En passant, ces deux phrases font partie d'un assez long passage que la traduction a sans vergogne effacé.
  On y trouve aussi une phrase qui résume parfaitement pourquoi il tient tant à cœur de résoudre l'énigme coriace a laquelle ils sont confrontés dans ce deuxième tome. Outre leur réputation, c'est aussi un challenge personnel:

  "His face had that look of real satisfaction which only came when he knew he had a good, tough puzzle - something he could sink his teeth into."

  Ma traduction: "Son visage exprimait une authentique satisfaction qui ne se manifestait seulement lorsqu'il se trouvait face à une énigme bien corsée - quelque chose de consistant à se mettre sous les dents."

  Bien qu'il soit friand de ce genre d'énigme, il arrive pourtant à son intellect de buter sur certains obstacles. Il arrive à Jupiter/Hannibal d'être perdu en plein brouillard au sens imagé, d'être frustré et d'admettre son impuissance. C'est ce qu'il fait à plusieurs reprises au Chapitre 15:

  "[...] Jupiter, pinching his lip, called the meeting of The Three Investigators to order.
  "I don't know Mr. Silver's message means," he said."

  "[...] Hannibal, pinçant sa lèvre supérieure, déclara qu'il n'avait toujours pas saisi le sens du message de John  Silver."

  "I don't understand that yet," Jupiter admitted."/"Cet élément me demeure encore inintelligible, avoua Hannibal."

NOTE: notez que la traduction adopte le parlé érudit avec lequel Jupiter/Hannibal est censé s'exprimer. C'est tout à fait défendable et même une bonne initiative, même si la phrase originale est toute simple.

  "That doesn't make any sense to me either."/"Elle me semble absolument incompréhensible aussi."

8.Frustration:

a.Face à l'impasse:

  Cette frustration explose et le sérieux du détective en chef se teinte de mauvaise humeur au point d'interrompre la réunion faute d'avoir pu avancer:

  "Jupiter's round face was set in a discontented scowl. He enjoyed problems but he hated to be baffled. And at the moment he was thoroughly baffled.
  "Well," he said, "I only hope that Mr. Huganay, the art thief, is having as much trouble as we are. [...] We want to find the lost masterpiece before he does. Our pride as investigators demands it."
For a while they were all silent. Then the First Investigator rose.
  "I'll phone you when I have made some progress," he said. "No use getting together before then. Or if you have any ideas, you phone me."

  "Hannibal avait le sourcil férocement froncé. Il aimait les énigmes, mais il détestait se voir battu.
  "Ce que j'espère, dit-il, c'est que Huganay, le voleur, a au moins autant de difficultés que nous. [...] Il faut que nous découvrions la Bergère à l'agneau avant lui. Notre réputation de détectives l'exige."
  Personne ne trouva rien à répondre. Enfin, le détective en chef se leva.
  "Je vous téléphonerai quand je serai arrivé à un résultat, annonça-t-il. Avant cela, pas la peine de nous réunir. Ou alors, si vous avez des idées, appelez-moi."

b.Exigence:

  Le revoici donc à évoquer l'image, la réputation des Trois Jeunes Détectives... Déjà dans le premier tome, il était question de ne pas donner satisfaction de leur défaite à Skinny Norris Mais ne serait-ce pas la façon inconsciente ou de mauvaise foi de Jupiter/Hannibal de dissimuler sa fierté et l'exigence qu'il a pour lui-même?  Car son ego en prend un coup. Souvenez-vous de lorsqu'il se reprochait de ne pas avoir compris que Jonathan Rex et Stephen Terrill n'était qu'une et même personne à la fin de The Secret of Terror Castle/Au Rendez-vous des Revenants. Dans ce deuxième tome, il s'en veut encore d'avoir loupé un indice au Chapitre 14:

  "I should have guessed," Jupiter sounded vexed, "when he spoke another bird's message the first time - Scarface's message, as Bob reminded us."

  "J'aurais dû m'en douter quand il a prononcé la phrase de Scarface", dit Hannibal, visiblement vexé."

   De même au Chapitre 15, ce "long silence" peut être lu entre les lignes et l'on peut imaginer Jupiter/Hannibal se taper le front du plat de la main:

  "Jupe," Bob said, keeping his voice low. "You know Blackbeard's message?"
  "Yes?" Over the phone Jupe's voice had an expectant ring in it.
  "Well, suppose it referred to a graveyard. Dead men would be guarding the treasure there, wouldn't they?"
  There was a long silence at the other end. Then Jupiter said, in a rather strangled voice, "Bob, don't go out. I'll call you back later."

  "Babal, fit Bob à voix basse. Tu sais, le message de Barbenoire?
  -Oui?
  -S'il concernait un cimetière. Ce seraient bien les morts qui garderaient le tableau, non?"
  Un long silence. Puis, d'une voix quelque peu étranglée, Hannibal dit:
  "Bob, ne sors pas. Je te rappellerai."

9.Ironie et condescendance envers Peter:

  On l'a donc bien constaté, il est assez dur envers lui-même. Mais qu'en est-il de ses réactions envers les défauts de ses compères? Dans ce deuxième tome, il est encore beaucoup plus souvent en compagnie de Peter à l'occasion de virées imposées par les méandres de l'enquête. Il rappelle bien son adjoint à l'ordre de temps en temps devant l'attitude parfois anti-productive de ce dernier. Une scène du Chapitre 1 les réunit tous les deux et il est encore beaucoup question de Jupiter/Hannibal. Vous y verrez de nombreux éléments familiers de son personnage (dont ce couteau suisse, très utile dans l'enquête précédente). Mais le point essentiel de mon argumentation est la condescendance, l'ironie qu'il déploie pour Peter lors de l'une de ces fausses alertes dont la série est truffée:

  "[...] Something grabbed [Pete's] ankle and he was flung to the ground. As he tried to pull free, the unseen hand gripped more tightly and jerked him back. Flat on his face, he couldn't see who or what had grabbed him.
  "Jupe!" he gasped. "Something's got me!"
  For all his stocky build, Jupiter moved swiftly. He darted across the path and was at Pete's side almost before the other boy finished speaking.
  "What is it?" Pete croaked, rolling his eyes sideways at his partner. "Something's dragging me away. Is it a boa constrictor? This garden could hide anything."
  Jupiter's round, determined features looked unusually grave.
  "I'm sorry to tell you this, Pete," he said, "but you have been trapped by an usually vicious specimen of vitis vinifera."
  "Do something!" Pete gasped. "Don't let vitis whatever it is get me!"
  "I have my knife," Jupiter said. "I'll do my best."
  He whipped out his prize Swiss knife that had eight blades. The he gasped Pete's leg. Pete could feel him slashing fiercely. The grip on his ankle relaxed. Pete immediately rolled away and sprang to his feet.
  Behing him, his partner, with a broad grin, was putting away his knife. A heavy loop of vine that had been cut in the middle was bobbing up and down close to the ground.
  "You put your foot into a twisted grapevine," Jupiter said. "The harder you pulled to get away, the harder the vine pulled you back. It was a very evenly matched test. Neither of you was using any intelligence. The vine doesn't have any, and you allowed panic to cloud your mental processes."
  Jupiter usually talked like that. By now Pete was used to it.
  ""Okay, okay," Pete said sheepishly. "I panicked [...]."
  "Panic is more dangerous than danger itself," Jupiter said. "Fear robs the individual of the ability to make proper decisions [...]."

Madeleine Prévost, 1977.

  "[...] Soudain, Peter se sentit saisi par la cheville et tomba à plat ventre. Plus il se débattait, plus la main invisible resserrait sa prise. Comble de frayeur, comme il était étendu le nez au sol, il ne pouvait même pas voir son agresseur.
  "Babal! haleta le jeune détective. Je suis prisonnier!"
  Malgré son tour de taille volumineux, Hannibal ne manquait pas d'agilité. Peter n'avait pas fini de parler que son ami avait déjà bondi par-dessus le sentier.
  "Qui est-ce? bégaya Peter. Est-ce un boa constricteur? On s'attend à n'importe quoi dans ce jardin!"
  Hannibal prit l'air grave:
  "Du courage, Peter. Tu a été capturé par une spécimen de vitis vinifera particulièrement redoutable.
  -Sauve-moi, Babal! Ne laisse pas ce vitis-je-ne-sais-pas-quoi me manger tout cru.
  -J'ai mon couteau. Je te promets de faire ce qui est humainement possible pour te sauver."
  Hannibal tira de sa poche son couteau à huit lames, puis il saisit la jambe de Peter. Quelques coups de couteau, et Peter sentit l'étreinte de la vitis vinifera se relâcher. Libre, il bondit sur ses pieds et se retourna.
  Derrière lui, Hannibal refermait son couteau. Un pampre de vigne tranché en deux gisait au sol.
  "Tu t'es pris le pied dans cette espèce de liane, qu'on appelle vitis vinifera en latin, expliqua Hannibal. Plus tu tirais en avant, plus elle tirait en arrière. On peut dire que vous luttiez à armes égales puisque vous vous comportiez aussi stupidement l'un que l'autre: la vigne, parce qu'elle est inintelligente par essence, et toi, parce que tu laisses la panique entraver tes processus mentaux."
  Il arrivait souvent à Hannibal de s'exprimer dans ce langage recherché. Peter y était habitué.
  "C'est vrai, reconnut-il, j'ai eu peur [...]."
  -La panique, reprit Hannibal, présente plus de danger que le danger lui-même. La panique détruit dans l'individu, toute... [...]"

10.Dans le brouillard:

  Cette moquerie inhabituelle et condescendante trouvera son parfait opposé dans la première partie du dénouement, au Chapitre 18. Pete et Jupiter/Hannibal seront poursuivis dans un cimetierre enveloppé d'un brouillard épais. C'est l'occasion pour la narration de montrer au lecteur un Jupiter/Hannibal qui a perdu tous ses moyens, un chef des détective perdu dans le brouillard, cette fois-ci au sens littéral. Et ce n'est pas son couteau suisse qui va l'en sortir:

Madeleine Prévost, 1977.

  "There was a dim light round him. It was almost like being under water. It was impossible to see more than a few feet now and the fog was rolling by in waves, heavy and grey. He looked up. Above him the visibility was slightly greater. Forty feet away was a vague mass that might be treetops. He stumbled in that direction. [...]
  Still the fog thickened. Everything was distorted, as in a bad dream. The branches of trees became arms with claws reaching for him. Ordinary monuments turned into squat creatures barring his path. Tall shafts were towering monsters looming over him.
  The stocky boy found himself breathing hard when he finally saw the low outline  of the wall in front of him. Then a shape towered up on the other side of the wall. It reached for him, and this time it was alive. Jupiter jerked back.
  "It's just me - Pete!" the figure whispered, "Come on, grab my hand and let's hurry."
  "Humbly - and Jupiter Jones was not often humble, it must be confesssed - he let his partner help him over the wall and through the dense fog until they reached the truck [...]."

Boiry, 1981.

  "La lumière qui régnait était si pâle qu'on se serait cru sous l'eau. A deux mètres, on ne voyait rien que le brouillard qui passait par grosses vagues grises.
  Il leva les yeux. Au-dessus de lui, il apercevait vaguement les sommets des arbres. [...]
  Le brouillard s'apesantissait. Toutes les formes qu'on apercevait encore étaient aplaties, tordues, comme dans un cauchemar. Les branches des arbres se tendaient comme des bras armés de griffes. Les pierres tombales s'accroupissaient comme de gigantesques crapauds prêts à bondir. Les stèles se dressaient tels des monstres menaçants.
  Le souffle court, le détective en chef parvint enfin au mur extérieur. Une silhouette indistincte se pencha par-dessus le mur. Elle était bien vivante, celle-là, et Hannibal se rejeta en arrière.
  "Ce n'est que moi! chuchota Peter. Donne-moi la main et grimpe."
  "En toute humilité - et il faut reconnaître que l'humilité n'était pas précisément le fort d'Hannibal -, le détective en chef laissa son adjoint l'aider à franchir le mur et le conduire à travers le brouillard jusqu'au camion [...]."

  J'ai omis les lignes où il est question des points d'interrogation et de flèches déssinés à la craie car elles seront utilisées autre part. Cependant, il est amusant de constater que Jupiter/Hannibal a un petit sursaut d'orgueil, non traduit dans l'édition française:

  "Pleased at himself for thinking up this device, Jupiter moved cautiously in the direction shown by the arrow."

  "Se congratulant d'avoir inventé ce stratagème, Hannibal avança prudemment dans la direction indiquée par la flèche."  

  Dans cette scène, Peter aura un rôle actif et essentiel pour le dénouement de l'enquête. Mais avant, rappelons qui est l'adjoint, quels sont ses attributs physiques et moraux.

B.Peter Crenshaw/Crentch:

1.Apparence physique:

  Si l'on se réfère au Chapitre 1, l'adjoint des détectives est d'un physique simple mais très visuel:

  "The tall, brown-haired boy..."/"Peter, grand garçon aux cheveux châtains..."

  C'est encore Alfred Hitchcock (voir l'introduction qui nous expose de belle façon la contradiction caractéristique de ce personnage:

  "Pete is tall and well-muscled, inclined to nervousness before anything happens but a tower of strength in any kind of trouble."

  "Peter, grand garçon sportif, aux cheveux châtains, est sujet à certains excès de nervosité lorsqu'il doit faire face à un danger pressant; mais ses muscles sont à toute épreuve."

2.Nervosité et réticence:

  Preuve en sont ces deux extraits du Chapitre 1, alors que l'enquête commence à peine: 

  "Help!" The voice that called out was strangely shrill and muffled. "Help! Help!"
  Each tim a cry from within the mouldering old house pierced the silence, a new chill crawled down Pete Crenshaw's spine. Then the cries for help ended in a strange, dying gurgle and that was even worse. [...]
  "Jupe!" Pete whispered. "Was that a man or a woman?"
  Jupiter shook his head. "I don't know," he whispered back. "Maybe it was neither."
  "Neither?" Pete gulped. It certainly hadn't been a child, and if it was neither a man nor a woman, that left only possibilities he didn't care to think about."

Boiry, 1981.

  "Babal, chuchota Peter. La personne qui a crié, c'était un homme ou une femme?"
  Hannibal secoua la tête.
  "Je n'en sais rien, répondit-il. Peut-être ni l'un ni l'autre.
  -Ni l'un ni l'autre?" répéta Peter en avalant sa salive avec difficulté.
  Comme il ne s'agissait sûrement pas d'un enfant, quel être mystérieux avait donc pu hurler de la sorte? Peter préférait ne pas examiner la question de trop près."

  Il est important ici de signaler le style indirect libre donnant le point de vue subjectif de Peter. C'est un détail qui reviendra et dont je me servirai pour l'argumentation de cette partie.

Jacques Poirier, 1967.

  "Whiskers, Jupe!" Pete said in a low voice. "We started out to look for a missing parrot. Now before we even get to the house, someone is screaming for help! I hope this isn't going to be another case like the last one."
  "On the contrary," his stocky partner whispered back, "it is starting very promisingly. But all seems quiet now. We'd better approach the house and find out what is happening."
  "That isn't a house I want to approach," Pete told him. "It looks like a house full of locked rooms that shouldn't be opened."
 
  "Mazette! fit Peter à voix basse. Un perroquet qui disparaît, je croyais que ce serait une affaire de tout repos. Et voilà! Nous ne sommes pas plus tôt arrivés que les gens se mettent à pousser des cris terribles. J'espère que nous ne nous sommes pas embarqués dans une enquête comme celle du Rendez-vous des Revenants.
  -Moi, répliqua Hannibal, je trouve que ce début est très prometteur. Approchons et voyons si nous pouvons porter secours à la personne en danger.
  -Aucune envie d'approcher, répondit Peter. Cette maison m'a tout l'air du château de Barbe-Bleue."
 
NOTE: J'ignore si cette référence culturelle directe de l'édition française était intentionnelle de la part de Robert Arthur. Cela n'est nullement déplacé vu les multiples références que l'on décortiquera dans une partie plus bas. Autre bon point pour la traduction, le titre du tome précédent est cité. D'une part cela permet au lecteur français qui commencerait sa découverte de la série qu'il peut encore se procurer et lire la première enquête. D'autre part elle transfère, volontairement ou pas, la mise en abyme établie précédemment: le nom donné à l'affaire est également le titre du roman.

3.Un peu de motivation:

  Ce trait de caractère typique de Peter nous est déjà très familier: cette tendance à craindre ce que l'avancée de l'enquête implique comme mauvaises surprises. Par contre, quand les choses se dégèlent considérablement avec M. Claudius, dans le Chapitre 12, il semble trouver une motivation inhabituelle:

  "[...] Let us try what you suggest, lads, and if it works, if we find the picture, I shall pay you a reward of one thousand dollars."
  "Whiskers!" Pete exclaimed. "Let's get busy. Bob, do you have your notebook?"

  "[...] Essayons votre proposition, les garçons. Si, grâce à elle, je retrouve ma Bergère, vous aurez mille dollars de récompense.
  -Mazette? s'écria Peter. Vite, Bob, ton crayon."

4.One-liners:

   Vous l'aurez déjà compris, Peter est le personnage le plus comique du trio. L'un des éléments les plus récurrents du personnage est sa propension à décocher, non des flèches comme Robin des Bois, mais des phrases simples qui font mouche, c'est-à-dire qui font sourire le lecteur. Par exemple, au Chapitre 6, dans un autre dialogue avec son chef, il se montre à sa façon bien plus impressionné par l'intimidant M. Claudius:

  "[...] That Mr. Claudius doesn't like The Three Investigators."
  "He is angry, and anger arises from fear," Jupiter told him. "He is now afraid of us. That gives us a definite advantage."
  "He's afraid of us!' Pete exclaimed. "How do you think we feel about him?"
  "Nervous but confident."
  "That sentence is two words too long."

Madeleine Prévost, 1977.

  "[...] J'ai nettement l'impression que les trois jeunes détectives ne sont pas sympathiques à M. Claudius.
  -Il est furieux, et la fureur provient de la crainte, déclara Hannibal. Il est en colère contre nous parce qu'il a peur de nous.
  -Lui! Peur de nous! Tu n'as peut-être pas peur de lui, toi?
  -Nous, répliqua Hannibal, nous éprouvons à son égard un légitime sentiment d'angoisse tempéré par le certitude de notre bon droit.
  -Parle pour toi. Moi, mon sentiment d'angoisse n'est tempéré par rien du tout."

NOTE: là aussi la dernière réplique de Hannibal est pertinemment surtraduite. L'inconvénient est que l'on perd l'impact de la réponse courte, ou one-liner, spécialité du détective adjoint.

  De retour au Chapitre 1, menacés par M. Claudius, qu'ils prennent à ce moment pour M. Fentriss, l'ami d'Hitchcock qu'ils sont venus aider, Peter exprimait déjà son malaise, physique cette fois, toujours de cette façon humoristique à laquelle on s'habitue volontiers:

  "I'm not going to run," Pete whispered back. "My legs are so wobbly, I feel as if I were just learning to walk."

  "Pour fuir, répliqua Peter, il faut avoir des jambes. De vraies. Les miennes sont en coton, du moins en ce moment."

NOTE: pour les non-anglophones, le texte original dit "j'ai l'impression d'apprendre tout juste à marcher."

  Soyons indulgents, ces one-liners, cet art humoristique de la phrase courte n'est pas toujours facile à traduire. Souvent teintés de sarcasme de la part de Pete, c'est aussi un point auquel la traduction doit resté fidèle. Il nous en sert une belle rafale, tel Scarface muni d'une mitraillette, dans le Chapitre 15, lorsque le trio tente de déchiffrer les messages codés de John Silver:

  "But what about that 'call on Sherlock Holmes'?" Bob asked.
  "I wish we could!" Pete exclaimed. "We could use him."

  "Mais pourquoi "il faut aller voir Sherlock Holmes"? demanda Bob.
  -Ma foi, ce serait bien commode, si on pouvait le faire, remarqua Peter."

  "[...] But can't you just see us searching in Death Valley for a box? We'd join the dead men guarding it in about two days!"

  "[...] Seulement, on ne peut pas aller chercher une malheureuse petite boîte dans toute une vallée!"

NOTE: dommage que la seconde partie de la réplique est omise. "Nous ferions partie des morts veillant [sur la boîte] en a peine deux jours." (ma traduction).

  "[...] To tell us we are supposed to go a hundred yards west from someplace."
  "Sure, but where?" Pete demanded. "The corner of Hollywood and Vine?"

  "[...] Il faut aller à cent pas à l'ouest d'un endroit donné.
  -Mais comme nous ne connaissons pas l'endroit... intervint Peter."

NOTE: on perd le sarcasme, même s'il estr vrai que la géographie américaine ne parle pas forcément aux lecteurs français.

  "[...] That again sounds like a straightforward direction."
  "As straightforward as two pretzels wrestling," Pete grumbled. "What stones? What bones?"

  "[...] Voilà encore une indication précise.
  -Tu trouves ça précis, toi? s'indigna Peter. Quels ossements? Quelles pierres?"

NOTE: la forme particulière du pretzel rend la comparaison de Peter très visuelle et drôle. Le traducteur a peut-être jugé que le pretzel n'était pas assez familier au public français.

  Même si la personne chargée de la traduction ne semble visiblement pas à l'aise face à ces traits spirituels, elle se prend au jeu au point d'en ajouter un au Chapitre 9 lorsque les trois amis découvrent la carte de visite de M. Claudius que le jeune Carlos leur a donné:

"Il m'en a tout l'air, d'une rareté artistique, le père Claudius, bougonna Peter."

Boiry, 1981.

5.Auto-dérision:

  Cette partie n'a servi jusqu'à maintenant de s'assurer à quel point la continuité du personnage était assurée. A partir d'ici début une argumentation bien plus intéressante destinée à rendre compte d'une évolution importante pour l'adjoint des détectives. Je vous ai déjà informés que l'édition française est scandaleusement tronquée d'une bonne partie du texte au Chapitre 5. Ainsi le lecteur français est privé des premiers tâtonnements des Trois Jeunes détectives concernant l'affaire des perroquets, mais également de détails qui font sens, subtilement disséminés par l'auteur. A deux occasions, j'y ai trouvé de l'eau à mon moulin lorsqu'il s'agissait de Jupiter/Hannibal Jones. Il en est de même avec Peter Crenshaw/Crentch et deux one-liners (que je traduis donc moi-même) qui constituent un excellent départ pour vous faire part de l'évolution évoquée plus tôt.

  "How many is two?" Pete asked impatiently. "I make a lot more than two mistakes every time I turn in a theme at school."

  "Deux seulement?" demanda Peter, qui perdait patience. "Je fais bien plus que deux erreurs à chaque que je rends un devoir à l'école."

  "Oh, no!" Pete groaned. "If two parrots can make us feel so bird-brained, think what a lot more would do to us!"

  "Oh non!" grogna Peter. " Déjà deux perroquets suffisent pour nous donner l'impression d'avoir des cervelles de moineaux, imaginez de quoi davantage d'entre eux seront capables de nous faire subir!"

  Ces répliques manifestent une auto-dérision qui n'est pas déplacée pour le personnage. Il est tout à fait conscient qu'il ne brille pas autant par son intellect que ses deux camarades. Il paraît parfois complètement l'assumer, par paresse semble-t-il.

6.Relation avec Jupiter/Hannibal:

a.Irritation:

  Ce trait est à associer directement au fait qu'il reproche souvent à son chef de s'exprimer avec des mots dont il ignore la signification. On trouve d'ailleurs à ce propos un bon ajout de la traduction au Chapitre 9:

  "There is a complication," Jupiter said. "It now appears that the mysterious Mr. Silver intended Mr. Claudius to have the parrots in the first place."

  "Il y a une petite difficulté, dit Hannibal. Il appert maintenant que...
  -Mazette! "Il appert"!" s'indigna Peter.
  -... Que M. Silver désirait que ce soit M. Claudius qui reçoive les perroquets."

b.Emulation:

  Toutefois dans les premiers chapitres de The Mystery of the Stuttering Parrot/Le Perroquet qui bégayait, le lecteur peut déceler une volonté d'émulation de la part de l'adjoint envers son chef. Et c'est là que le style indirect libre trahissant la narration du point de vue de Peter devient important. Dans un premier temps, à la fin du Chapitre 1, sur la demande de Jupiter/Hannibal, il fait un effort d'observation, sans résultat:

  "Pete," he said abruptly, "please examine the scene carefully. Something is wrong, but I cannot detect what."
  "What scene?" Pete asked. "You mean the garden?"
  "The garden, the driveway, the entire grounds. I have a distinct sense of wrongness, yet the source of it eludes me."
  "You mean something doesn't add up and you can't figure out what?" [...]
  "Peter surveyed the whole area of grounds and garden. He couldn't see anything wrong, except that it needed a gardener working day and night for a month to make it look tidy. There was a driveway with a lot of fallen palm fronds on it. A car had recently gone up the driveway, squashing many of the palm leaves, but that didn't mean anything.
  "I don't see a thing," he reported."

  "Peter, dit soudain Hannibal, observe bien ce que tu vois. Il y a quelque chose d'incongru."
  -Que faut-il observer? Le jardin?
  -Le jardin, l'allée, tout le paysage. Je sens qu'il y a quelque chose qui ne colle pas, mais je ne sais pas ce que c'est." [...]
  "Peter, obéissant, observa le paysage. Il constata qu'un jardinier aurait eu fort à faire s'il avait dû remettre le jardin en état. Des branches de palmier, écrasées par une automobile passée récemment, jonchaient l'allée. Mais il n'y avait rien de bien singulier à cela.
  "Je ne vois rien de particulier", annonça-t-il."

NOTE: remarquez que la traduction omet la reformulation qu'il réplique à Jupiter, encore enclin à utiliser des tournures savantes. C'est pourtant essentiel à la dynamique entre les deux personnages.

  Puis dans le Chapitre 2, Peter, s'en veut de ne pas avoir compris quelque chose qui était pourtant à sa portée:

  "[...] It is obvious that he was not the original owner and trainer of Billy."
  "How do you figure that?"
  "Quite simply. Mr. Fentriss says Billy spoke with a British accent. The man who sold it had a Mexican accent."
  "Oh, sure." Pete could have kicked himself for missing that one."

  "[...] Ce qui est certain, c'est que Shakespeare ne lui avait pas toujours appartenu.
  -Pourquoi cela?
  -M. Fentriss vient de nous préciser
  -Tu as raison, reconnut Peter, vexé."

  Mais cette déception envers lui-même, qui est je vous le rappelle d'habitude propre à Jupiter/Hannibal, se transforme en une certaine jalousie au Chapitre 3. Car même si cette fois il se trouve à pied d'égalité avec son chef, il se montre quelque peu amer. Seuls les lecteurs peuvent le voir, puisqu'il le pense sans l'exprimer (style indirect libre):

  "[...] I deduced that you were looking for a parrot because you have put a parrot cage on the grass near the edge of those shrubs, and because you are trying to entice the bird with sunflower seeds, of which parrots are very fond."
  Well, Pete had figured that much, but the woman seemed to find it very remarkable."

  "[...] Je vois que vous avez déposé une cage à perroquet dans l'herbe et que vous tenez à la mains des graines de tournesol, dont les perroquets sont particulièrement friands. J'en ai conclu que vous êtes à la recherche d'un perroquet."
  Pete avait fait les mêmes déductions et trouvait cela enfantin, mais l'admiration de la bonne dame ne connut pas de bornes."

c.Résignation et confiance aveugle:

  Mais s'étant convaincu qu'il n'est pas capable d'effors intellectuels plus poussés que ça (voir au Chapitre 15: "Pete admitted frankly that he was no good at secret messages."/"Peter reconnut sans ambages qu'il n'avait guère d'aptitudes pour déchiffrer les cryptogrammes.") il se reposera à de nombreuses reprises sur celles de Jupiter. Ce qui à défaut de l'entraîner n'en est pas moins la preuve d'une confiance indéfectible, voire aveugle:

  Au Chapitre 2, lorsque l'imposteur qui s'est fait passé pour M. Fentriss leur a échapper:

  "[...] Pete couldn't help wondering how Jupiter was going to find one single car out of the millions of cars in Southern California. But somehow he had a notion Jupiter would find a way."

  Ma traduction: "[...] Peter ne put s'empêcher de se demander comment Hannibal allait retrouver une voiture parmi les millions d'entre elles qui circulaient en Californie du Sud. Mais il avait néanmoins l'impression que Hannibal trouverait bien un moyen."

  Ainsi qu'au Chapitre 12, lorsqu'une collaboration s'engage entre les jeunes détectives et M. Claudius:

  "Pete spoke up.
  "We know the messages Mr. Silver taught several of the birds," he said. "We can't make head or tail of them. But maybe Jupiter Jones can if you tell him everything you've told us."

  "Nous possédons certains messages, dit Peter. Jusqu'à présent, nous pensions qu'ils n'avaient ni queue ni tête. Mais quand Babal connaîtra toute l'histoire, il en tirera peut-être des déductions incroyables!"

NOTE: la traduction teinte ainsi ses propos d'une admiration qui n'est qu'imperceptiblement sous-entendue par le texte original.

  Un extrait du Chapitre 15 démontre encore ce genre de paresse intellectuelle, d'attentisme. Suite à quelques déconvenues le trio est à son moral le plus bas, mais Pete semble le moins préoccupé:

  "The following day, Jupiter, helping in the salvage yard, made three mistakes in charging customers. Pete cleaned up the family garage and washed and greased his mother's car, waiting to hear from Jupiter. Bob, at the library, misfiled so many books that finally the librarian sent him home [...]"

  "Le lendemain, Hannibal, de corvée au Paradis de la Brocante, se trompa trois fois dans ses comptes. Peter, qui n'espérait pas résoudre le problème du message, prit tout son temps pour laver et graisser la voiture de sa mère. Bob, qui, au contraire, ne pensait que chiffres et cryptogrammes, fit tant d'erreurs dans le classement des fiches de la bibliothèque que le bibliothécaire le renvoya chez lui."

NOTE: vous remarquerez que la traduction en rajoute un peu.

7.Evolution positive, rédemption du personnage:

  Arrivés à ce point de mon argumentation, il serait légitime de se demander à quoi peut bien servir Peter, excepté faire sourire le lecteur de temps en temps? Il est vrai que dans The Secret of Terror Castle/Au Rendez-vous des Revenants, il n'était déjà pas décrit comme un personnage d'une influence pertinente sur l'avancée de l'enquête, même d'un point de vue physique. Ce deuxième tome va cependant vous convaincre que Peter a vraiment sa place dans l'agence.

a.Pertinence:

  Tout d'abord, au Chapitre 2, il faisait déjà part à son chef d'une suggestion avisée et pertinente, qui fait pencher la balance du bon côté:

  "What can we do if we catch him?" [Pete] asked. "We haven't any evidence against him. Besides the real Mr. Fentriss may need our help."
  Jupiter hesitated, torn between a desire to follow the fleeing imposter and a desire to help someone who might need their aid. Then he nodded.
  "You're right," he said. First we must discover if Mr. Fentriss is unharmed."

  "Même si nous rattrapons le bonhomme, que pourrons-nous faire? Officiellement, nous n'avons rien à lui reprocher. Et puis le vrai M. Fentriss a peut-être besoin de notre aide."
  Hannibal hésita, partagé entre le désir de filer l'imposteur et celui de porter secours à la victime.
  "Tu as raison, décida-t-il enfin. Il faut d'abord aller voir si M. Fentriss n'est pas blessé."

b.Sens de l'orientation:

  C'est toutefois au Chapitre 17 que l'adjoint se rattrape vraiment et mérite sa fonction. Par précipitation, Jupiter/Hannibal oublie un outil matériel très utile pour une virée dans un cimetierre. Dans un inhabituel inversement des rôles, c'est donc le chef qui va accorder sa confiance à son subalterne:

  "You're very good at judging direction, Pete," Jupiter said. "Remember our route so we can find our way back to the truck if the hunt takes us until dark, will you? Unfortunately, we came in such a hurry I didn't bring a torch."
  "Until dark?" Pete gave a slight yelp. "Anyway, we're not going to have until dark," he concluded as a wisp of vapour brushed across their path. "Look at that! There's a fog rolling in from the ocean to-night."

  "Tu as un excellent sens de l'orientation, Peter, dit Hannibal. Repère bien les endroits par lesquels nous passons, pour pouvoir retrouver notre chemin, si nous restons ici jusqu'à la nuit. J'ai oublié de prendre une torche électrique.
  -Jusqu'à la nuit? s'écria Peter. Non mon vieux, nous ne pourrons pas rester jusqu'à la nuit. Regarde cette brume qui nous vient de la mer."

c.Initiative et stratégie:

  Cet inversement des rôles s'opère complètement sous nos yeux au Chapitre 18, intitulé "Hide and Seek in the Fog"/"Cache-Cache dans le brouillard", alors qu'ils sont en mauvaise posture, dans les griffes de Huganay et ses compères:

Jacques Poirier, 1967.
   "Okay, Jupe!" Pete whispered as the boys felt Adam's grip relax slightly. They jerked away together. Pete, who was being held by Adam's left hand, broke free. Jupiter could not.
  Pete tumbled backwards to the ground and Adams turned towards him, jerking Jupiter round painfully. Pete felt his hand touch something long and hard and he grasped it. He leaped to his feet and swung the length of pipe his hand had touched. It crashed against Adams's shoulder, who with a howl of pain released Jupiter.
  Still holding his weapon, Pete grabbed Jupiter's arm and pulled him along as he dived into the thickest part of the fog, where he could just make out a clump of eucalyptus trees. In an instant they were behind the trees.
  "They'll be after us in a second," Pete whispered into Jupiter's ear. "The truck is that way."
  He pointed. Jupiter just shook his head. To him, in the fog, all directions now looked alike.
  "How do you know?" he asked.
  "I just know," Pete said. Jupiter believed him. When it came to finding direction of following trails, Pete was aknowledged expert. Even at night he could keep a direction by some kind of inner sense, where Jupiter, even by daytime, could easily get lost.
  "Now listen," Pete said rapidly. "There are clumps of eucalyptus trees all the way to the wall where we entered. Duck frome one clump to the other."
  "I'll get lost," Jupiter said glumly.
  "I'll go first," Pete told him. "I'd stay with you but those three are coming this way and I have to lead them on a false trail. You just keep hunting for trees. When yoiu find one, look for our secret symbol chalked on it, and an arrow pointing the right direction. Then you'll know you're okay. Go that way first!"
  He propelled his stocky partner into the fog with a shove. Then he started off in another direction, shouting loudly for the men to hear. "Come on, Jupe, stick with me. We have to go this way."
  The voices of the three men, which had been moving towards the boys, changed direction as they followed the sound of Peter's voice."

Peter Archer (4ème de couverture), 1971.

  "Allons-y, Babal!" chuchota Peter en sentant l'étreinte d'Adams se relâcher.
  Il bondit de côté. Comme Adams le tenait de la main gauche, il réussit à échapper au bandit. Hannibal, lui, n'y parvint pas.
  La secousse avait été si forte que Peter roula à terre. Adams se tourna vers lui, tirant toujours Hannibal par le poignet. La main de Peter toucha un long tuyau de plomb, celui que Lester avait lancé tout à l'heure. Peter le saisit et, bondissant sur ses pieds, en assena un rude coup sur l'épaule d'Adams. Avec un cri de douleur, l'homme lâcha le bras d'Hannibal.
  Tenant encore son arme, Peter saisit Hannibal par la main et l'entraîna au plus épais du brouillard, vers un bouquet d'eucalyptus. En un instant, ils urent disparu à la vue des trois hommes qui criaient à qui mieux mieux.
  "Ils nous auront rejoints dans deux secondes, souffla Peter. Le camion est par là-bas.
  -Comment le sais-tu? demanda Hannibal pour qui, dans le brouillard, toutes les directions se confondaient.
  -Je le sais", répondit brièvement Peter.
  Hannibal n'hésita pas à le croire. Le sens de l'orientation de Peter était connu. Même la nuit, un sixième sens le maintenait toujours dans le droit chemin, alors qu'Hannibal se perdait facilement, même le jour.
  "Écoute, dit Peter. Il y a des arbres, de place en place, d'ici jusqu'à l'endroit par où nous sommes entrés. Fais des bonds d'arbre en arbre.
  -Je vais me perdre, murmura Hannibal, d'un ton lugubre.
  -Je serais bien resté avec toi, dit Peter, mais il faut que j'entraîne ces messieurs sur une fausse piste. Tu n'as qu'à courir d'arbre en arbre. Chaque fois que tu trouveras un point d'interrogation souligné d'une flèche, tu sauras la direction qu'il faut prendre. File de côté-ci d'abord."
  Poussant Hannibal par les épaules, Peter bondit lui-même dans la direction opposée. Puis, à voix forte pour que les hommes l'entendissent, il cria:
  "Avec moi, Babal! Par ici..."
  Les voix des trois poursuivants, qui se rapprochaient d'Hannibal, s'en éloignèrent."

Harry Kane, 1964.
Roger Hall, 1967.





















  Vous l'aurez peut-être compris, l'extrait à la fin de la partie consacrée à Jupiter/Hannibal fait partie de cette scène.
  Au niveau physique, Peter donnait déjà raison à Alfred Hitchcock en ce qui concerne la deuxième partie de sa rapide description '"a tower of strength in any kind of trouble"/"ses muscles sont à toute épreuve") lors de la confrontation musclée avec M. Claudius au Chapitre 6, scène que j'ai isolée (article à venir).
  Ici, au Chapitre 18, Peter fait aussi preuve d'un effort physique en frappant Adams mais, plus important, d'un sens de l'initiative, de courage et de stratégie que les trois premiers quarts du roman ne présupposaient pas. C'est lui qui pense à l'utilisation des craies de couleur (voir La Carte de visite et le point d'interrogation - 2ème Partie). Souvenez-vous que c'est aussi Peter qui rappelle à son supérieur de les utiliser pour marquer leur chemin lors de leur dernière visite dans Terror Castle/le Château des Epouvantes.
  Je précise aussi que les grandes lignes de cette scène seront réutilisées par un des auteurs ultérieurs, Nick West. Dans The Mystery of the Coughing Dragon/Le Dragon qui éternuait (14ème tome dans l'ordre américain), on retrouvera plusieurs de ces scènes recyclées, mais celles-ci l'est dans le 16ème tome (ordre américain), The Mystery of the Nervous Lion/Le Lion qui claquait des dents.

d.Félicitations méritées:

  Toujours sur le coup de l'émotion, Jupiter/Hannibal savait en son for intérieur qu'il pouvait faire confiance à Peter et le récompenses de ses actions par des compliments au Chapitre 19:

  "You acted as I knew you would," Jupiter said. "With bravery and perfect timing." Pete didn't answer, though he glowed a little inside. Praise from Jupe was rare, and when it came, it meant a lot."

  "Tu as agi avec à-propos et courage, fit Hannibal. Je n'en attendais pas moins de toi."
  Peter ne répondit pas, mais il se sentit rougir de plaisir. Il n'arrivait pas souvent à Hannibal de décerner des compliments pareils à ses adjoints."

  C'est ainsi donc Peter qui aura le privilège de sortir la toile de maître du tuyau (qui figure sur toutes les illustrations ci-dessus, à l'exception de celle de Peter Archer, dans la main de Peter), le but de toute cette enquête:

  "You open it," Jupiter said. "You picked it up."/"Ouvre-le, commanda Hannibal. C'est toi qui l'as trouvé."

C.Bob Andrews/Andy:

1.Apparence physique:

  Alors qu'avec les deux premiers détectives, les détails physiques restaient inchangés, Bob bénéficie d'une précision notable. Dans The Secret of Terror Castle, les illustrations d'Harry Kane attribuaient à Bob des cheveux bruns. Le texte du premier roman ne précisant aucune couleur de cheveux, l'illustrateur s'était fié à son imagination.
  Sur cette illustration présente dans les premières éditions américaines, on trouve aussi Bob, tout à droite, avec les cheveux bruns (et son appareil orthopédique):

Harry Kane.

  Mais en lisant l'introduction d'Alfred Hitchcock pour ce deuxième tome, on peut lire:

  "Bob is rather slight, blond..."/"Bob est un petit blond..."

  Mais Harry Kane ne rectifiera pas, comme on peut le constater dans le détail ci-dessous:

Harry Kane (détail), 1964.

  On peut supposer que l'artiste a réalisé son illustration en n'ayant pas lu l'introduction d'Alfred Hitchcock. Ou est-ce parce qu'on ne lui aurait confié que le texte des scènes qu'il devait illustrer?
  Ceci dit, on aurait pu avoir une seconde illustration où ce personnage figure si Harry Kane ne l'avait pas substitué à Jupiter, erreur moins explicable, lorsque M. Claudius menace Peter et Bob de son couteau (voir plus bas).
  Madeleine Prévost (1977) et Boiry (1981), les deux illustratrices françaises qui ont oeuvré ultérieurement à Jacques Poirier le réprésentent bien avec les cheveux blonds:

Madeleine Prévost (détail), 1977.
Boiry (détail), 1981.





















  En 1967, Roger Hall, l'artiste britannique se plie également à cette précision. Il dessine même l'attelle, déjà évoquée dans The Secret of Terror Castle, que porte Bob depuis sa chute accidentelle. Il y est fait référence au Chapitre 4:

  "Bob had fallen down one of these hills and banged his leg so he now had to wear a brace on it. But it would come off some day, and on his bicycle he could make excellent time."

  Seule la toute première édition d'Au Rendez-Vous des Revenants prendra ce détail en compte. Chaque allusion du texte original sera par la suite oblitérée Je traduis moi-même par:

  "Bob avait fait une chute d'une de ces collines et s'était cassé la jambe, il devait donc porter une attelle. Mais il pourrait l'enlever bientôt, et, à bicyclette, elle ne le gênait pas pour pédaler à toute vitesse."
 
R. Hall (détail), 1967.
R. Hall (détail), 1967.

































  Il va sans dire que l'appareil n'apparait dans aucune des éditions françaises. Du reste, Jacques Poirier, malgré l'indication de la couleur de cheveux ayant été conservée par la traduction, ne modifie rien à l'apparence qu'il attribuait à ce troisième larron dans Au Rendez-Vous des Revenants. Et comme la plupart de ses successeurs à ce poste s'inspireront de ce Bob Andy, c'est celle qui restera dans l'esprit des lecteurs français:

Jacques Poirier, 1967.

  Les plus perspicaces auront remarqué que Jaques Poirier et Madeleine Prévost l'affuble de lunettes. Le texte original n'en fait pas mention. C'est donc pour le premier juste une question de revendiquer sa version du personnage, tout comme l'est ce costume cravate, pour être cohérent avec ce qu'Alfred Hitchcock qualifie de "scholarly nature"/"goûts studieux". Quant à Madeleine Prévost, dont les illustrations datent de 1977, il est probable qu'elle ait tenu à la représenter avec des lunettes à cause d'une précision qu'on pourra lire dans le texte original du troisième tome, The Mystery of the Whispering Mummy. J'en reparlerai à l'occasion...

2.Prise de notes et rôle d'archiviste:

  On l'a vu dans l'article consacré au premier volume, le rôle attribué à Bob Andrews/Andy est principalement celui d'archiviste. C'est ainsi que lorsque les deux autres sont en virée sans lui, ils ont toujours à l'esprit que leurs aventures doivent être couchées sur la papier. Pour preuve ces lignes tirées du premier chapitre:

  "A very good description," Jupiter replied. Remember to tell it to Bob when we get back to Headquarters."
  Bob Andrews was the third member of the firm. He kept the records of their cases and did necessary research."

  "Excellente comparaison, commenta Hannibal. N'oublie pas de la signaler à Bob, pour qu'il la mentionne dans ses archives."
  Bob était le troisième jeune détective de l'agence; il était chargé des archives et des recherches."

  Robert Arthur n'oublie pas de mentionner au Chapitre 3, lors de l'interview de Mlle Waggoner, que:

  "Jupiter scribbled all this down for Bob Andrews, who kept all the records of their cases."

  "Hannibal nota soigneusement toutes les informations recueillies: il les transmettrait à Bob Andy qui tenait à jour les archives des trois jeunes détectives."

  En personnage rigoureux qu'il est, Bob a acquis bien entendu l'automatisme de cette prise de notes, comme on peut le voir au Chapitre 14:

  "Write that down, Bob!" Jupiter whispered. The injunction was unnecessary. Bob was already scribbling [...]."

  "Inscris, Bob", commanda Hannibal.
  Ordre inutile: Bob notait déjà."

  C'est ainsi que contrairement à ce qu'annonçait Jupiter/Hannibal à Alfred Hitchcock lors de leur première entrevue, que ce n'est pas M. Andrews/Andy, mais Bob lui-même qui met en forme l'enquête par écrit et qui lui donne même un titre, le même que celui du livre que l'on tient dans les mains. Dois-je rappeler que la série repose sur cette mise en abyme?

  "[...] He began to study the notes he had made on The Mystery of the Stuttering Parrot, as he called it."

  "Se plongeant dans les notes qu'il avait réunies sur ce qu'il appelait déjà le mystère du perroquet bègue, Bob..."

NOTE: dommage que la traduction ne joue pas le jeu et utilise une périphrase au lieu du titre de l'édition française.

3.Recherches à la bibliothèque municipale:

  Son poste à la bibliothèque municipale de Rocky en tant qu'employé l'empêche souvent de participer activement à l'aventure physique, comme il nous est rappelé au Chapitre 6:

  "Bob had had to go to the library to work."

  "Bob avait dû les quitter pour aller travailler à la bibliothèque où il aidait à des travaux de classement."

  Mais il profite aussi fréquemment de son emploi à temps partiel, pour effectuer des recherche documentaires à chaque fois que l'enquête en cours l'impose. Comme ici au Chapitre 15:

  "All day working at the library, Bob moved as though his mind was a million miles away - and it was. He took a book on codes and ciphers from the shelf and looked at it, but learned nothing."

Jacques Poirier, 1967.

 "Bob passa toute la journée suivante à travailler à la bibliothèque. Mais il vivait comme dans un rêve, à des millions de kilomètres de là. Il se procura un livre sur les codes et les chiffres, et le feuilleta, mais sans rien apprendre."

4.Culture générale solide: 

  Il n'est donc pas déplacé de supposer qu'il s'est forgé une solide culture générale. La discussion avec M. Claudius au Chapitre 11 nous en donne la confirmation à deux reprises, face à un Peter un peu largué sur un sujet qu'il n'a pas l'habitude de creuser:

  "[...] Perhaps you have heard of one picture being painted over another, sometimes in order to hide the first picture?"
  Pete hadn't, but Bob nodded."

  "[...] Vous savez que cela s'est fait à certaines époques: pour cacher une peinture, on en faisait une autre par-dessus; puis, avec un produit spécial, on enlevait la deuxième et la première réapparaissait."
  Peter n'avait jamais entendu parler de ce procédé, mais Bob inclina la tête en signe d'intelligence."

  "Golly!" Pete exclaimed. "That's a lot of money for a painting. I can get them at the store for a dollar ninety-eight with frame."
  "Those are just printed copies," Bob told him. "The Metropolitan Museum of Art in New York City paid more than two million dollars once for a picture by the Dutch painter Rembrandt."
  "Whiskers!" Peter said in awe. "Two millions dollars for a painting?"

  "Cent mille dollard! Mazette! s'écria Peter. Alors qu'on trouve pour un dollar quatre-ving-dix-huit des tableaux tout encadrés, dans les magasins!
  -Oui, des reproductions, lui expliqua Bob. Mais les originaux coûtent toujours très cher. Le Metropolitan Museum of Art, à New York, a payé une fois plus de deux millions de dollars pour un tableau d'un peintre hollandais appelé Rembrandt.
  -Mazette!" répéta Peter."

  5.Influence de l'enquête sur son inconscient:

  Son travail intellectuel et solitaire n'est pas sans inconvénient. Il lui tient tant à coeur que son subconscient finit par lui jouer des tours, comme cette nuit du Chapitre 5:

  "But at that point, having got into bed, he drifted off to sleep. Sometime in the middle of the night, though, he woke up and in the silence almost seemed to hear a voice chanting in his ear, "Little Bo-Peep has lost her sheep and doesn't know where to find it. Call on Sherlock Holmes." That was what Bo-Peep said as reported by miss Waggoner."

Boiry, 1981.

  "Bob en était là de ses réflexions lorsque, s'étant déshabillé et débarbouillé tout en méditant, il s'endormit. Au milieu de la nuit, il s'éveilla. Quelqu'un venait de lui chuchoter à l'oreille, dans un rêve: "Petit Patapon a perdu ses moutons. Il faut aller voir Sherlock Holmes..."

  Cette influence abusive d'une enquête sur son esprit sera plus ou moins récurrente, de diverses manières, au long de la série.

6.Mise en perspective de l'enquête:

  Personnage le plus effacé du trio, il n'en est pas moins sollicité à participer aux réunions. Au Chapitre 9 par exemple, il remet à plat les données de l'enquête recueillies empiriquement par Jupiter/Hannibal et Peter:

  "All right," Pete said. "I've used up all my ideas. You do the talking now."
  "Perhaps Bob has something to say." Jupiter looked across at the smaller boy. "He is very observant of details."
  "Also he uses shorter words than you do," Peter muttered. "Okay, Bob, what's your opinion?"
  "Well," Bob said, "before we start making new plans, I think we ought to get all our facts in order, so we can see the case more clearly." [...]
  "Go on, Bob," Jupiter said. "It's very helpful to hear the facts presented by someone else."

Jacques Poirier, 1967.

  "Moi, dit Peter, je n'avais qu'une seule idée. Elle a fait long feu. A toi, maintenant.
  -Et pourquoi pas à Bob. C'est un excellent observateur.
  -De plus, il parle une langue compréhensible pour tout le monde. Il ne dit pas "il appert". Allez, Bob, expose ton point de vue.
  -Je pense, dit Bob, qu'avant d'aller plus loin il serait bon de classer les éléments que nous possédons." [...]
  -Vas-y, Bob, fit Hannibal. Il est très utile d'entendre la même situation exposée par plusieurs personnes différentes."

7.Humilité:

  Il fera preuve d'une certaine humilité, en s'interrompant durant son exposé, comme une demande d'approbation muette à son supérieur:

  "Bob looked over at Jupiter, but Jupiter appeared satisfied to let him talk, so Bob continued."

  "Bob jeta un coup d’œil à Hannibal. Hannibal paraissait décider à le laisser parler."

  Cette humilité transparaissait aussi lorsqu'il était surpris de recevoir un compliment de la part de son chef au Chapitre 4:

  "Your idea is brillant, Bob."
  "Is it?" Bob stared at him. "You really mean brillant?"

  "Bob, s'écria Hannibal, ton idée est brillante!
  -Tu le penses vraiment, ou tu te moques de moi?"

8.Protestation et amertume:

  Cependant, ne soyons pas dupes, cette sincère attitude de bon petit soldat ne se teinte pas néanmoins d'une certaine amertume. Comme on peut le constater au Chapitre 16, lorsque sa fonction dans le plan de Jupiter/Hannibal n'est celle que d'une diversion:

  "[...] Bob protested, but to no avail. At last, recognising the strength of Jupiter's argument, he gave in."

  "[...] Bob éleva des protestations, mais en vain. Enfin, reconnaissant la valeur des arguments d'Hannibal, il céda."

  A la fin de ce même chapitre, il ravale ainsi sa déception face à Fitch, le chauffeur remplaçant de Warrington/Worthington

  "No," Bob said, trying not to sound disappointed. "[...] This is just a pleasure ride to-night."
  But it was no pleasure ride for Bob, despite his words. He was just a decoy. Pete and Jupiter were having all the adventure."

  "On se promène simplement [...]", répondit Bob, en essayant de ne pas paraître déçu.
  Mais en réalité, il l'était. Et comment!
  Lui, Bob, ne servait qu'à brouiller les pistes. C'étaient Hannibal et Peter qui allaient faire le vrai travail."

  Cette diversion commence d'un côté de la barrière encerclant le Jones Salvage Yard/Paradis de la Brocante. Persuadé que tous leurs mouvements n'échappent pas à des yeux mal intentionnés et jouant avec le fait que la luxueuse voiture attire l'attention, Jupiter/Hannibal et Peter utilisent l'un des passages secrets qui n'étaient pas décrit dans The Secret of Terror Castle/Au Rendez-Vous des Revenants, Red Gate Rover/le Roquet de la Porte Rouge.

II.Les Secrets des Trois Jeunes détectives:

1.Red Gate Rover et la Porte 4:

  Mais revenons au Chapitre 4, celui qui porte justement le titre "Red Gate Rover"/"Le Roquet de la Porte Rouge". Dans une scène très similaire à celle qui démarrait la série, Mme Andrews/Andy détient un message de Jupiter/Hannibal qui lui semble totalement cryptique. Elle le transmet néanmoins à son fils Bob:

  "Red Gate Rover, come over, come over. The bird's on the wing and the case is the thing. The path will be narrow so follow the arrow."

  "Pour qu'un peu plus vite l'enquête bouge, adresse-toi au Roquet de la porte rouge. Sois prudent, on ne l'ai jamais trop: suis la flèche et viens au bureau."

Jacques Poirier, 1967.

  N'hésitant pas longtemps, Bob se dirige rapidement donc vers le bric-à-brac des Jones. Son cheminement nous est décrit en détails:

Jacques Poirier, 1966.
  "Sticking to the back streets, away from the heavy traffic by the beach, [Bob] reached the Jones Salvage Yard from the rear. It was probably the most colourful junk yard in the country. A long, tall wooden fence surrounded it, and on this fence local artists grateful to Mr. Jones for his generosity had painted many colourful scenes.
  Covering the whole back fence of the yard was a painting of the San Francisco fire of 1906, a dramatic scene of burining buildings, horse-drawn fire engines dashing into action, and people fleeing with bundles on their backs.
  Bob rode up to the rear fence, making sure no one saw him, and stopped about fifty feet from
the corner. There was a spot on the picture where
  Bob picked out the knot with his fingernails and reached in to undo a catch. Then three boards swung up and he could wheel his bike inside. That was Red Gate Rover.
  There were four different secret gates into the junk yard so that The Three Investigators could if necessary, come and go without being seen.
  Once inside, he parked the bike and got down on his hands and knees. There were some building materials piled there, forming what looked like a cave. On top of the pile was an old sign with a large black arrow and the word Office. That was their secret joke. The arrow really did point to Headquarters.
  Bob crawled under the pile of building materials and came out in a narrow corridor with junk piled on both sides. This passage twisted and turned until he had to get down on his kness again and crawl under some heavy planks that seemed merely to be lying there, but were actually the roof of Door Four, one of the entrances into Headquarters.
  He crawled a few feet, then was able to stand up. He knocked on a panel, three times, once, twice. The panel opened and Bob stooped to step into Headquarters."

Madeleine Prévost, 1977.

  "[...] Quelques minutes plus tard, [Bob] roulait à bicyclette vers le Paradis de la Brocante, entrepôt de bric-à-brac appartenant à M. Titus Jones, l'oncle d'Hannibal.
Boiry, 1981.
  Ce marché, probablement le plus pittoresque des États-Unis, était entouré par une haute palissade de bois, sur laquelle des artistes de la région avaient peint des scènes variées, pour exprimer leur reconnaissance à M. Jones qui leur faisait toujours des prix de faveur.
  L'une des façades, celle qui donnait sur la ruelle que Bob suivait, avait été décorée d'une gigantesque fresque représentant le grand incendie de San Francisco en 1906. On vcoyait des pompiers affairés, des citadins fuyant le sinistre, des pompes tirées par des chevaux et des immeubles en flammes.
  Après s'être assuré que personne ne l'observait, Bob s'approcha d'un endroit où figurait un petit chien regardant tristement sa maison dévorée par de grandes flammes rouges. Un nœud dans le bois servait d’œil au roquet.
  Bob retira le nœud avec ses ongles, puis, introduisant son doigt dans l'orifice, souleva un loquet. Trois planches pivotèrent d'un coup. Poussant sa bicyclette, Bob entra, grâce "au Roquet de la porte rouge".
  Les jeunes détectives avaient pratiqué quatre ouvertures secrètes dans la palissade du bric-à-brac, si bien qu'ils pouvaient entrer et sortir sans que personne s'en doutât.
  Une fois à l'intérieur, Bob gara sa bicyclette dans un coin, puis se mit à quatre pattes. Un amoncellement de matériaux de construction formait une sorte de caverne. Au-dessus, on voyait une vieille pancarte portant le mot "Bureau" et une flèche indiquant la direction à prendre. Cette petite plaisanterie amusait beaucoup les trois jeunes détectives: la flèche indiquait réellement la direction de leur PC secret.
  La caverne aboutissait à un couloir à ciel ouvert, serpentant entre des tas d'objets inutilisables. Ensuite, il fallait ramper encore sur quelques mètres et on arrivait à la porte 4, qui donnait directement sur le PC.
  Bob frappa trois coups, puis un, puis deux, au panneau devant lequel il se trouvait. Le panneau s'ouvrit et Bob entra."

  Outre ce passage dans la passade, la Porte 4 et le passage qui y mène sont aussi utilisés pour la première fois sous les yeux du lecteur

  Au Chapitre 15, Jupiter déclamera une autre formule codée uniquement compréhensible aux trois initiés:

  "Jupiter's voice was tense. "Red Gate Rover. Ramble and scramble," he said and hung up.
  Bob hung up also. Wow! Ramble and scramble! That meant to get to the salvage yard as fast as possible, to use the secret back entrance, and to be sure no one saw him."

  "Roquet de la porte rouge. Triple galop!" annonça la voix du détective en chef, manifestement ému.
  Et il raccrocha.
  Bob raccrocha aussi. "Triple galop", cela signifiait qu'il fallait se rendre au PC immédiatement et dans le plus grand secret possible."

2.Le Quartier général: 

Car évidemment, on ne cesse de le répéter, l'agence de détectives et son Quartier Général sont consciencieusement planqués, et absolument personne en dehors de nos trois amis doit en prendre connaissance. Ils échappent à la catastrophe lorsqu'au Chapitre 11 tante Mathilda s'approche un peu trop de leur caravane dissimulée sous la masse d'objets hétéroclite. La scène est intégrée dans la deuxième partie de la série d'articles qui lui est consacrée ainsi qu'à son mari.

 3.Le Tunnel n°2:

Madeleine Prévost, 1977.
  C'est donc avec beaucoup de précautions qu'ils se servent du Tunnel n°2 lorsqu'ils ont la visite de quelqu'un à proximité de leur P.C. dans le Chapitre 6:

  "[...] A red light over the printing press began to blink. Jupiter had installed it so that any time their
private telephone in Headquarters rang they would know and could answer it secretly.
  Somebody was phoning them now, Jupiter made a quick decision.
  "Carlos," he said, "close your eyes."
  "Si, Señor Jupiter," Carlos said, and closed his eyes.
  "Pete, stay with Carlos. Bob and I have business to attend to. We'll be right back."
  While Carlos has his eyes closed, Bob and Jupiter ducked back into the big corrugated pipe that was Tunnel Two, crawled through and into Headquarters."

  "[...] Une lampe rouge se mit à clignoter au-dessus de la presse à imprimer. Elle indiquait que le téléphone sonnait au PC. Il fallait répondre.
  "Carlos, ferme les yeux! commanda Hannibal.
  -Si, señor Hannibal, fit Carlos en obéissant.
  -Peter, reste avec lui. Bob, viens avec moi. Nous serons là dans un moment."
  Pendant que Carlos avait les yeux fermés, Bob et Hannibal plongèrent dans la buse et regagnèrent secrètement le PC."

  Ce Carlos se trouve être le premier des nombreux amis et/ou clients que les Trois Jeunes détectives seront amenés à rencontrer tout au long de leur carrière

III.Personnages et intrigue:

A.Carlos Sanchez:

1.Rencontre avec les détectives:

  Le sympathique Carlos fait son entrée en scène au Chapitre 6, suite à la première utilisation du Ghost-to-Ghost Hookup/Relais Fantôme inventé par Jupiter/Hannibal. Une série d'articles sera dédiée à ce stratagème. En bref, cela permet au Trois Jeunes détectives de contacter le maximum de personnes afin d'obtenir une aide précieuse à leur enquête. C'est donc Carlos qui la leur fournira. Pour accompagner le texte de sa première apparition, nous avons les trois versions des trois artistes français.

Jacques Poirier, 1967.

  "[...] Aunt [Mathilda] turned round. Behind her they saw a Mexican boy, about as tall as Bob, wearing very ragged pants and a torn short. He was holding the reins of a small donkey that was pulling an old, two-wheeled donkey cart.
  "This boy wants to see you, Jupiter," Mrs. Jones said. [...]
  The Mexican boy was looking all around, his black eyes shifting this way and that. Then he turned to Jupiter, which was naturel because Jupiter's shape, stocky, but compact, attracted the eye.
  "Señor Jupiter?" he asked.
  "I'm Jupiter Jones," Jupiter said.
  "I am Carlos," the boy said. He had a liquid Mexican accent, which sounded almost musical."

Boiry, 1981.
Madeleine Prévost, 1977.
  





















  "Près de Mme Jones attendait un garçon mexicain, de la taille de Bob. Il portait un pantalon et une chemise fort déchirés. Il tenait par la bride un petit âne attelé à une vielle carriole à deux roues.
  "Ce garçon veut te voir, Hannibal, dit Mme Jones [...]"
  [...] Le petit Mexicain n'avait pas bougé; ses yeux noirs erraient d'un objet à l'autre. Enfin il se tourna vers les garçons et s'adressa à Hannibal dont l'assurance naturelle attirait les regards.
  "Señor Hannibal", questionna le Mexicain.
  -Je suis Hannibal Jones, répondit le gros garçon.
  -Et moi m'appelle Carlos", fit l'autre.
  Son accent mexicain ne manquait pas de charme."

2.Particularités:

a.Accent:

  Et puisqu'il est question d'accent, il est intéressant de constater les façons dont Robert Arthur la traduction française transcrivent ses répliques. A une grammaire approximative de l'auteur original se substitue du côté français l'emploi de mots espagnols:

Madeleine Prévost, 1977.

  "Carlos, did you come to tell us about a black sports model Ranger?" Jupiter asked.
  Carlos nodded his head so hard it looked as if it might snap off.
  "Si, si, si, Señor Jupiter," he said." Last night my friend Esteban come to my house. He say a Señor Jupiter Jones wish to know about a Ranger car with a licence number that ends in one-three."
  The boys waited, holding their breath [...].
  "Oh yes, I see the car," Carlos said. "I see the fat man. But where now he is I do not know. It was" - he counted on his fingers - "one-two-seven-seven days ago I see the car and the fat man."
  "Seven days!" Pete said, disappointed. "That isn't much help. How can you remember a car after a week?"
  "Oh, I like the cars so much," Carlos said. "I dream about the cars. The Black Ranger, he is a beautiful car. I can tell you licence number. AK four-five-one-three. Seats all covered with red leather. Small scratch on right front bumper. Little dent in rear bumper."
  They all looked at him with a new respect. Many boys can identify the make and year of almost any car they see, but not many could remember such details as a licence number, and a scratch, a full week later.
  "That would help the police locate him," Jupiter said, pinching his lip."

Jacques Poirier, 1967.

  "Carlos, sais-tu quelque chose au sujet d'une Ranger noire?" questionna Hannibal.
  Carlos hocha vigoureusement la tête.
  "Si, si, señor Hannibal! Hier, à la noche, mon ami Esteban est venu à la casa. Il a raconté qu'un señor Hannibal Jones voulait des renseignements sur une Ranger negra avec un numéro finissant par tres."
  Retenant leur respiration les jeunes détectives attendaient ce qui allait suivre [...].
  "J'ai vu la Ranger et le gros señor, mais je ne sais pas où ils sont maintenant. C'était... (il compta sur ses doigts) Il y a, deux... sept jours!
  -Sept jours! fit Peter, déçu. Et après sept jours, tu es capable de te souvenir d'une voiture?
  -Oh! oui, j'aime tant les autos. Je rêve d'autos... La Ranger negra, c'était une si belle auto. Je me rappelle le numéro: AK quatro, cinco, uno, tres. Les sièges étaient tout couverts de cuir rouge. Avec petite égratignure sur le pare-chocs avant. Et petit creux sur le pare-chocs arrière."
  Les jeunes détectives considérèrent Carlos avec respect. Beaucoup de garçons savent identifier la marque et l'année de la plupart des voitures qu'ils voient, mais de là à se rappeler le numéro et les égratignures une semaine plus tard!...
  "Cela permettrait certainement à la police de retrouver notre homme, dit Hannibal en se pinçant la lèvre [...]."

b.Passion pour l'automobile:

  Sa passion pour l'automobile est donc un élément central dans sa personnalité ainsi que pour l'intrigue:

  "Carlos knew cars, that was apparent. Every car that passed he could identify by make, year and model, no matter how swiftly it whizzed by. His ambition was to be an auto mechanic, he told them, and have a garage."

  "Les automobiles, Carlos s'y connaissait, pas de doute là-dessus. Toutes celles qu'il voyait, il les cataloguait, en identifiant la marque, l'année et le modèle, sans la moindre hésitation. Sa plus chère ambition était de devenir mécanicien et de posséder un garage à lui."

  Sa fascination pour la Rolls-Royce avec Warrington/Worthington se manifestera dans le même chapitre. Et une partie de la récompense pour les informations précieuses qu'il fournit aux détectives se trouvera être une ballade en Rolls jusqu'au quartier où il habite avec son oncle. Vous trouverez les extraits dans la deuxième Partie consacrée au chauffeur britannique.

c.Pauvreté:

  Immigrants venus du Mexique, Carlos et son oncle se trouve très bas dans l'échelle sociale. Le trio n'en prend pas conscience immédiatement:

  "The three boys looked at each other. The same thought was in all their minds. Sometimes they were short of money, but they always had an allowance coming in, or could do something round the junk yard to earn a little. It was hard to realise that some people didn't have any money - not any at all.
  Bob saw Jupiter swallow a couple of times as he took another look at Carlos and saw how skinny he was."

  "Les trois jeunes détectives échangèrent un coup d'oeil. Bien sûr, ils n'étaient pas riches ni les uns ni les autres. Mais de penser que certaines personnes ne pouvaient même pas s'offrir un jeton de téléphone, cela les impressionna profondément.
  Hannibal remarqua alors l'extrême maigreur de Carlos."

  Et la vision de leur habitation n'en est qu'une flagrante confirmation:

  "[...] Jupiter and Pete and Carlos started across the open field towards the house - if you could call it a house - where Carlos lived. The closer they got to it, the more dilapidated it looked. One wall was almost gone, a window was out and the door was missing.
  Carlos seemed to sense their thoughts.
  "When my uncle come from Mexico, he have no money," he said. "This place is only place he can stay. Rent is five dollars a month."

  "Bientôt les trois garçons se trouvèrent en vue de la maison de Carlos, si on pouvait appeler maison ce taudis auquel manquaient un mur, une fenêtre et la porte elle-même.
  "Quand mon oncle est arrivé du Mexique, dit Carlos, il n'avait pas du tout d'argent. Dans cette maison, il paie seulement 5 dollars de loyer par mois."

3.Défaut dans la continuité:

  Dans l'épilogue écrit soi-disant par Alfred Hitchcock, on apprend ce qu'il est devenu, parmi d'autres personnages, de Carlos:

  "[...] The lads introduced Carlos to Worthington, who took him down to the Rent-'n-Ride Auto Rental Agency. The manager there gave him a job washing the firm's cars. He is learning to be a mechanic in his spare time. Working round cars he is supremely happy. He lives with the Joneses and earns his board by working in the junk yard one day a week."

  "Quant au jeune Carlos, les trois jeunes détectives l'ont présenté à Warrington. Warrington, impressionné par son amour des automobiles, l'a, à son tour, présenté au directeur de l'agence de location de voitures, qui lui a donné un emploi de laveur. Pendant ses heures de loisir, Carlos apprend la mécanique. Il est donc parfaitement heureux. Ajoutez à cela qu'il habite chez les Jones et paie sa pension en travaillant au Paradis de la Brocante un jour par semaine."

  Malheureusement, cela se révélera un léger défaut dans la continuité des premiers tomes. Car ils sont censés plus ou moins s'enchaîner et on aurait pu s'attendre à voir Carlos Sanchez réapparaître, au moins dans les deux enquêtes suivantes, d'une façon ou d'une autre. Ce ne sera pas le cas, ce sera la dernière fois que ce nom sera prononcé.

  Il reste donc seulement un personnage ponctuel mais dont le rôle ne doit pas être négligé. Carlos et son oncle donneront beaucoup d'informations qui éclaireront les détectives sur cette énigme des perroquets, notamment sur le personnage qui est à l'origine de toute l'histoire.

B.John Silver et M.Claudius:

1.John Silver:

a.Entrée en scène:

  Toutes les circonstances de l'arrivée en scène de John Silver sont décrites dans un premier temps au Chapitre 7 par l'oncle de Carlos, ce dernier servant d'interprète pour Jupiter/Hannibal et Peter. Je reparlerai de cette scène dans l'article ultérieur consacré au douzième tome, The Mystery of the Laughing Shadow/L'Ombre qui éclairait tout où il est mentionné que Jupiter/Hannibal comprend et parle l'espagnol.

"One day tall, thin man come down the road to our house. This man is name John Silver, and he say he come from England. He is weak and sick and have not much money. He ask Uncle Ramos to let him stay, and my uncle say allright.
  "Señor Silver have only some clothes in a sailor's bag, and a box, a metal box. [...] This box, it has strong lock on it. [...] Mr. Silver sleep with it under mattress. Every night he open it and look inside, and when he look inside, his face, it seems happy. [...]
  "Uncle Ramos ask Mr. Silver what is in box. Mr. Silver laugh and say - " Carlos scratched his thick thatch of unruly black hair, trying to remember the words - "he say, "This box hold piece off the end of the rainbow, with pot of gold underneath it."

Madeleine Prévost, 1977.

  "Un jour, un señor s'est présenté ici. Il a déclaré qu'il s'appelait Jonh Silver et qu'il venait d'Angleterre. Il était grand, maigre. Il paraissait malade. Il n'avait pas beaucoup d'argent. Il a demandé à mon oncle de le garder chez lui. mon oncle a accepté.
  "Le señor Silver avait quelques vêtements, un vieux sac de marin et une boîte de métal. [...] La boîte avait une serrure très forte. M. Silver dormait toujours avec la boîte sous son matelas. Tous les soirs il l'ouvrait et regardait dedans et il avait l'air heureux comme les anges!" [... ]
  "Mon oncle a demandé au señor Silver ce qu'il y avait dans la boîte. Le señor Silver a répondu - Carlos se gratta la tête en s'efforçant de se rappeler les mots exacts... Il a répondu: "Il y a un peu d'arc-en-ciel et beaucoup d'or."

b.Le dressage des perroquets:

  Par la suite, le rôle des perroquets commence à prendre forme:

  "[...] He is here in this country not legal, and he would be deported back to England where they want to put him in jail. So he has to live here, with no money, enjoying his piece of the rainbow as long as he can. Then he say it is all right, he will be going away soon anyway."
  Carlos's young features clouded.
  "I do not understand what he mean," he said. "Not until later. But one day Mr. Silver bring back to house seven young parrots, all with pretty yellow heads, and seven cages. He put them into the greenhouse and start to teach them to speak."
  Pete and Jupiter looked at each other with quickened interest. At least they were about to learn something of the mystery behind the parrots.
  "Mr. Silver very good with birds," Carlos said. "[...] Now in greenhouse he start teaching parrots words. Each one different words. And he give them funny names. I do not understand names or words."
  "The names mostly come from English litterature or history," Jupiter said. "That's why you didn't recognise them. Do you remember any of the speeches he taught the parrots?"
  "No." Carlos heaved a sigh. "Too hard for me to remember [...]."
 
  "[...] Il n'avait pas le droit d'être ici. Il aurait été renvoyé en Angleterre et là, on l'aurait mis en prison. Il fallait donc qu'il reste là, sans argent, à admirer son morceau d'arc-en-ciel. Mais, d'après lui, ça n'avait pas d'importance. Il s'en irait bientôt, de toute façon."
  Carlos prit l'air soucieux.
  "Sur le moment, je n'ai pas compris ce qu'il voulait dire. Mais un jour il est rentré à la maison avec sept jeunes perroquets à tête jaune, dans sept cages. Il les a mis dans la serre et il a commencé à leur apprendre à parler."
  Hannibal et Peter échangèrent un coup d'oeil. On en revenait toujours aux perroquets!
  "Le señor Silver était très fort pour dresser les oiseaux, reprit Carlos. [...] A tous ses perroquets, le señor Silver a appris des palabras, des drôles de palabras que je ne comprenais pas.
  -C'étaient des citations littéraires, précisa Hannibal. Peux-tu te rappeler tous ces mots?
  -Oh! non! soupira Carlos, c'était trop difficile [...]."

c.La blague destinée à M.Claudius:

  Puis, on se rendra compte du lien entre John Silver et Claude Claudius:

  "He say that soon he go away. He mean he will die. He will not let us take him to hospital. [...] He say he want to be with friends."
  Carlos's voice was quiet at the memory. [...]
  "Mr. Silver say that soon a very fat man come. He will give us one thousand dollars and we will give him the seven talking birds. He laugh very hard when he say this. He say that it is his best joke, that in all his life he has never made up a better joke than this. He say it is a joke that will made the fat man sweat very hard. He go to sleep laughing at his joke. Then in the morning - in the morning he does not wake up."

Boiry, 1981.

  "Quand le señor Silver disait qu'il allait s'en aller, cela signifiait qu'il allait mourir, expliqua Carlos. Il ne voulait pas que nous le portions dans un hôpital. Il voulait mourir parmi des amisgos."
  Carlos s'était mis à parler d'une voix plus retenue, pleine d'émotion.
  " [...] Il nous a dit que, bientôt, un gros señor viendrait et nous donnerais mille dollars. Et nous, en échange, nous devrions lui donner les sept oiseaux. Señor Silver a beaucoup ri en nous expliquant cela. Il a dit que c'était la meilleure plaisanterie qu'il n'avait jamais faite et que le gros señor n'était pas au bout de ses peines... Il s'est endormi, tout content. Et le lendemain, il ne s'est pas réveillé."

2.M. Claudius:

a.Le tableau:

Boiry, 1981.
  Au Chapitre 11, Claude Claudius raconte  à Peter et Bob sa version de l'histoire, qui remonte encore plus loin le début de cette histoire:

"You knew Mr. Silver in England?" Bob asked.
  "About two years ago," Mr. Claudius said, "I employed John Silver in my business of buying and selling rare objects of art. This was in London. Silver was a highly educated but eccentric man. He could never hold a job long because of his strange sense of humour. At last he was reduced to earning a living by selling jokes, puzzles, and riddles to the newspapers and magazines.
  "Then he came to me for a job. He had a wide knowledge of both art and litterature. I hired him to attend auctions and buy objects that might be valuable.
  "One day he brought back a picture. It was a very ordinary picture of two yellow-headed parrots on a branch and he had paid a lot of money for it. Well, as you know, I am excitable. I lost my temper. I called him a fool, and I discharged him.
  "John Silver - that was not his real name, but the one he used as a puzzle-maker - told me he was sure the parrots were painted on top of an older and much more valuable painting. He said he would prove it. [...] Well, [he] cleaned off the picture of the parrots. In a few days he returned to show me an absolutely lovely little picture of a young shepherdess tending a baby lamb.
  "It was obviously by one of ther great masters of painting. I knew at once it could not be worth less than one hundred thousand dollars, small as it was."

   "C'est en Angleterre que vous avez rencontré M. Silver? questionna Bob.
  -Oui, répondit M. Claudius. Vous le savez peut-être, j'achète et je revends des raretés artistiques. John Silver était mon employé. C'était un homme plein d'humour et d'originalité. Il avait toujours été obligé de quitter ses emplois antérieurs à cause de cet humour, précisément. Lorsque je l'ai rencontré, il gagnait sa vie en vendant des devinettes à des journaux.
  "Comme il était très cultivé, je n'ai pas hésité à l'engager. Il se rendait dans les ventes aux enchères pour y acheter des objets intéressants.
  "Un jour, il me rapporta un tableau, tout à fait ordinaire, représentant deux perroquets à tête jaune perchés sur une branche. Cette chose-là lui avait coûté beaucoup d'argent. De mon argent, bien sûr. Vous me connaissez: je me suis mis en colère et je le flanquai à la porte.
  "John Silver - à vrai dire, ce n'était pas son nom véritable, mais le pseudonyme sous lequel il était connu - me déclara qu'il était persuadé que les perroquets ne formaient qu'un revêtement: dessous, il y avait un autre tableau; les perroquets avaient été peints par-dessus. [...] Quelques jours après, [il] n'y avait plus trace des perroquets. La peinture représentait une charmante bergère tenant un agneau dans ses bras et devait valoir au moins cent mille dollars, car l'auteur était un maître illustre dans le monde entier."

Jacques Poirier, 1966.
 

b.Temporalité - Contretemps:

Jacques Poirier, 1966.

  La blague de John Silver est donc strictement destinée à M. Claudius, les perroquets en chair et en os étant une allusion à la fausse peinture dissimulant un chef-d'oeuvre. Malheureusement, les aléas de l'intrigue empêchent M. Claudius d'avoir un timing parfait pour récupérer les perroquets:

  "[...] As you know, I did not come, and Mr. Sanchez finally sold the parrots. You see, I was away in Japan on a buying trip, and the letter waited weeks for me at my London shop. When I read it, I became very excited and rushed here to California at once."

  "[...] Seulement, quand la lettre arriva à Londres, j'étais au Japon et, lorsque je rentrai en Angleterre, j'eus beau sauter dans le premier avion qui partait pour les États-Unis, j'arrivai trop tard"

Madeleine Prévost, 1977.

  C'est ainsi que l'oncle de Carlos, ne voyant personne débarquer deux semaines après le décès de John Silver, se décide de vendre les perroquets qui se retrouvent ainsi dispersés à l'instar des sept boules de cristal de Dragon Ball.

  Si l'on y réfléchit bien, l'intrigue du roman a commencé avant le début du roman et même avant le premier tome de la série et la création des Trois Jeunes détectives. Et si l'on poursuit cette réflexion, on réalise tout simplement que si M. Claudius n'avait pas été retardé et qu'il n'aurait pas eu à voler le perroquet de M. Fentriss, ami d'Alfred Hitchcock, il n'y aurait tout bonnement pas eu de The Mystery of the Stuttering Parrot/Perroquet qui bégayait, du moins pour Jupiter/Hannibal, Peter et Bob.

  D'ailleurs, l'affaire a bien faillit s'achever alors que Jupiter.Hannibal et Pete se laissait duper par l'imposteur, M. Claudius, qui se faisait passer pour M. Fentriss et leur affirmait que Billy Shakespeare était revenu de lui-même au Chapitre 1:

"Well, in that case I guess there's nothing to investigate," Jupiter said, sounding disappointed. "We'll be going, Mr. Fentriss. Anyway, I'm glad your parrot came back."
  "Thank you, my boy," the stout man said. "And I shall keep your card. Any time I do have a mystery that needs investigation, I shall notify The Three Investigators."
  He showed the two boys to the door. Pete and Jupiter started down the winding path that went through the tangled garden.
  "I must confess to being disappointed," Jupiter said. "The case began most promisingly. A lonely house - a cry for help - a sinister fat man... I had high hopes."
  "The opinions expressed are not necessarily those of the Second Investigator," Pete said. "Personally, I'm satisfied just to hunt for a missing parrot. I don't need any calls for help or sinister fat men. Let's work up gradually to all that."
  "Perhaps you're right," Jupiter said, but he didn't sound as if he really meant it."

  "Alors, tant pis, monsieur Fentriss, dit Hannibal d'un ton déçu. Je regrette qu'il n'y ait pas d'enquête à faire, mais je suis content que vous ayez retrouvé votre perroquet.
  -Merci, mon garçon, répondit l'homme. Je garde votre carte. Le premier mystère que je rencontre sur mon chemin est pour les Trois jeunes détectives."
  Il reconduisit les garçons jusqu'à la porte. Hannibal et Peter redescendirent le sentier à travers le jardin.
  "Pas de chance, commenta Hannibal. L'affaire s'annonçait si bien: une maison solitaire, des appels au secours, un bonhomme sinistre...
  -Je me serais passé de tout ça, remarqua Peter. Le perroquet perdu, il ne m'en fallait pas plus.
  -C'est peut-être toi qui as raison", reconnut Hannibal sans conviction."

c.Collaboration avec les détectives:

  Mais avec tout ce qu'il leur en a fait voir et aussi sévère et facile à des crises de colère que soit M. Claudius, il s'est révélé être un faux méchant. Et c'est ainsi que Peter et Bob lui font relativement confiance et qu'ainsi débute une coopération entre les jeunes détectives et le marchand d'art:

Roger Hall, 1967.
  "I have five of the seven birds," Mr. Claudius said. "And so far I know only the messages Mr. Silver taught Billy Shakespeare and Scarface. The rest won't talk for me. They won't speak. They won't say a thing! And they act as if they never will!"
 The boys turned to look at the five parrots in their cages. All the birds sat drooping and listless. They certainly didn't look as if they intended to talk.
  Mr. Claudius jumped up. He strode over to the birds and shouted at them.
  "Talk!" he roared. "Tell me the messages John Silver taught you! Do you hear me? Speak!"
  The birds huddled themselves into even smaller bundles of feathers and did not let out a peep."

  "Sur sept oiseaux, j'en ai cinq, précisa M. Claudius. Et je ne connais pas encore un seul message, sauf celui de Shakespeare et celui de Scarfacce. A moi, les perroquets ne disent rien. Jamais. Et je serais bien étonné qu'ils changent d'avis. Regardez-les un peu!"
  Les garçons se tournèrent vers les cinq perroquets. La tête basse, l'air lugubre, il ne paraissaient vraiment pas décidés à se montrer bavards.
  M. Claudius bondit soudain de son siège et fonça sur les oiseaux.
  "Allez-vous parler? rugit-il. Le message de Silver! Immédiatement! Vous m'entendez?"
  Les perroquets parurent devenir encore plus petits: ils rentrèrent la tête dans les épaules et ne pipèrent mot."

  Devant la frustration du marchand d'art, Peter et Bob suggère ainsi qu'une coopération devient inévitable:

  "Pete spoke up.
  "We know the messages Mr. Silver taught several of the birds," he said. "We can't make head or tail of them. But maybe Jupiter Jones can if you tell him everything you've told us."
  "Why don't we write out the messages we already know," Bob suggested, "and see if they give us any clue?"
  "That's a very sensible suggestion, Claude," the woman said. "I told you all along these boys could help if you would stop treating them as enemies."

  "Nous possédons certains messages, dit Peter. Jusqu'à présent, nous pensions qu'ils n'avaient ni queue ni tête. Mais quand Babal connaîtra toute l'histoire, il en tirera peut-être des déductions incroyables!
  -On pourrait déjà noter les passages qu'on a et voir s'ils nous apprennent quelque chose, suggéra Bob.
  -Voilà une idée parfaitement raisonnable, Claude, déclara Mme Claudius. Je t'ai répété depuis le début que ces garçons pourraient t'aider si tu cessais de les traiter comme des ennemis."

Madeleine Prévost, 1977.

  Notez au passage l'erreur de l'illustratrice Madeleine Prévost, qui inclut Hannibal dans la scène alors qu'il en est absent.

  Bien que M. Claudius joue le jeu et livre un détail d'une importance capitale, Bob est bien obligé de ne pas révéler certaines choses:

Boiry, 1981.
  "First," Mr. Claudius said, "I can add one more helpful fact. In his letter John Silver not only told me that the message had seven different parts, but he told me in what order the parts were to be arranged [...]"
  "That helps a lot," Bob said. His pencil raced for a moment. Then he showed them what he had written on the page he tore from the notebook. [...]
  "So you see," Bob said, as the others crowded around to study what he had written, "we know four of the seven messages already. We - well, we just happen to know what Blackbeard's message is." He didn't feel he should say at the moment that The Three Investigators had the black mynah bird back in Headquarters."

 "Je peux vous donner encore un élément, dit M. Claudius. Dans sa lettre, John Silver m'a indiqué que le message était fait de sept phrases différentes et il m'a précisé dans quel ordre il fallait les prendre [...].
  -C'est un renseignement très utile", dit Bob.
  Il griffonna rapidement sur son carnet. Puis il arracha une page et la montra à tout le monde.
  [...] Tout le monde se groupa autour de Bob pour lire ce qu'il avait écrit.
  "Vous voyez, dit le jeune détective, nous possédons déjà quatre messages. Il se trouve en effet que... que nous connaissons celui de Barbenoire."
  Ce n'était pas précisément le moment, pensait-il, de révéler que le mainate se trouvait au PC!"

  Mais à ce moment, la liste des sept messages n'est pas complète et une fâcheuse péripétie au Chapitre 13, n'arrangera rien. Car un personnage louche que Jupiter/Hannibal et Peter avaient croisé au Chapitre 3 leur mettra des bâtons dans les roues.

C.M. Huganay:

1.Sur les traces de M. Claudius:

a.Soupçons:

   Avant de trouver un terrain d'entente, M. Claudius soupçonnait nos jeunes amis d'être sous les ordres de ce personnage aux mauvaises intentions, d'où son agressivité envers eux. C'est lui-même qui en révèle l'identité au début du Chapitre 11: 

   "Bob and Pete sat down on a large couch, and Mr. Claudius sat opposite them, testing the point of the knife with his finger.
  "Now, my sly and sneaky scalawags," he said, "I intend to learn a few thing. I have five of the seven parrots that John Silver trained. I shall get the others. Oh yes, I shall. But at the moment I wish to know, how did Huganay come to hire you and how much does he know?"
  "Huganay?" Pete blinked. Bob looked blank.
  "Don't pretend you don't know him," Claudius said impatiently. "Huganay, the Frenchman, one of the most dangerous art thieves in all Europe. I'm positive he's on my trail."
  Bob started to shake his head, but Pete spoke up.
  This Mr. Huganay," he asked. "Is he about medium height, with dark hair, a French accent, a little moustache?"
  "That's him!" Mr. Claudius said. "So you do know him!"
  "We don't actually know him," Pete answered. Then he described the encounter in Mr. Fentriss's driveway, when the Rolls-Royce had just missed being rammed [...]."

Jacques Poirier, 1967.

  "Bob et Peter s'assirent sur un divan; M. Claudius se plaça dans un fauteuil, en face d'eux. Il appuya la pointe du kriss contre son pouce, comme pour vérifier qu'il était assez pointu, et commença l'interrogatoire des prisonniers.
  "Maintenant, mes petits agneaux, vous allez me dire la vérité. Du moins, je vous le conseille. J'ai déjà cinq des sept perroquets de Jonh Silver et je saurai bien me procurer les deux autres. Mais, pour le moment, ce que je veux que vous me disiez, c'est ceci: comment Huganay vous a-t-il recrutés, et que sait-il au juste?
  -Huganay?"
  Les deux garçons ouvrirent des yeux grands comme des soucoupes. Il n'avaient jamais entendu ce nom-là.
  "Pas la peine de faire semblant de ne pas le connaître, dit M. Claudius impatiemment. Huganay est un voleur international, d'origine française, spécialisé dans les œuvres d'art. Je sais qu'il m'a suivi jusqu'ici."
  Bob secoua la tête, mais Peter eut une hésitation.
  "Ce M. Huganay, demanda-t-il, ce n'est pas un homme assez fort, avec une petite moustache noire, et un accent français?
  -Mais si! s'écria Claudius. Vous voyez bien que vous le connaissez.
  -Justement non, répondit Peter. Nous ne le connaissons pas. Nous l'avons rencontré."
  Et il raconta l'incident qui avait eu lieu dans l'allée menant à la maison de M. Fentriss, quand la limousine grise avait failli entrer en collision avec la Rolls."

Boiry, 1981.
Harry Kane, 1964.






















  Je faisais déjà allusion à l'erreur plus haut: vous remarquerez en passant qu'Harry Kane dessine Jupiter à la place de Bob. Il refait la même erreur dansune autre illustration qui figurera dans l'article consacré à Skinny Norris.
  Au cours de son explication à propos de John Silver et des perroquets, il dévoile également qu'il est à l'origine de la présence du criminel aux États-Unis:

  "[...] I must have said something in public that came to the ears of Huganay, the art thief, to make him follow me."
  He glanced at his wife, and she nodded.
  "Huganay can smell an opportunity," she said grimly. "Yes, he's here on our trail and he won't stop at anything."

  "[...] De plus, dans mon émotion, j'ai dû faire allusion à la Bergère en public. Huganay en a entendu parler, et depuis il ne me lâche plus d'une semelle."
  -Huganay est un fin renard, remarqua Mme Claudius. Et ce ne sont pas les scrupules qui l'étouffent."

Madeleine Prévost, 1977.

b.L'enlèvement des perroquets:

  Et le Chapitre 13 donne raison à Mme Claudius, car à la suite d'une dangereuse poursuite sur la route, M. Huganay s'empare des perroquets qui sont en possession du marchand d'art:

  "The well-dressed Frenchman smiled across at them, puffing on a cigar.
  "Ah Claude," he said in feigned good humour. "Fancy meeting you here. America isn't such a large place after all."
  "What do you want, Huganay?" the fat man asked. He was sweating and his face was white. "You almost killed us then."
  "Nonsense," the other said. "I knew you would stop. I believe you have a cargo of parrots in your truck. I am very fond of parrots, so I am going to relieve you of their responsibility. Adams, go round to the back and get the parrots out of the truck."

Jacques Poirier, 1967.

  "Huganay, toujours fort élégant, sourit largement en retirant son cigare de sa bouche.
  "Ce cher Claude! s'écria-t-il. Quel plaisir de vous rencontrer ici! L'Amérique n'est donc pas aussi étendue qu'on le prétend.
  -Que me voulez-vous, Huganay? demanda M. Claudius, blanc comme un linge. Vous avez manqué nous tuer.
  -Nullement. Je savais bien que vous finiriez par vous arrêter. Il paraît que vous avez un chargement de perroquets. J'adore ce genre d'oiseaux et j'ai l'intention de vous débarrasser des vôtres. Adams, allez me chercher les oiseaux qui sont dans le camion."

Boiry, 1981.

2.Particularités:

a.Pays d'origine et raffinement:

  La traduction mentionne bien son origine française et l'accent qui va avec à plusieurs reprises. Toutefois Huganay semble cultivé et il parle un anglais correct, du coup la traduction française peut difficilement rendre davantage compte du fait à un lecteur francophone. Même si l'on peut parfois déceler un effort à faire de belles phrases, à utiliser  (raffinement français oblige?). Par exemple: "May I ask - are you a friend of Mr. Fentriss, whom I was coming to call on?"/"Puis-je me permettre de vous demander si vous êtes un ami de M. Fentriss à qui j'allais rendre visite?" (Chapitre 3). Mais, comme on peut le lire dans ses répliques plus haut, il peut utiliser ces belles tournures de phrase avec une politesse excessive donc ironique. Malfaiteur, mais gentleman. Ce qui s'exprime aussi par sa tenue vestimentaire, comme les illustrations le prennent si bien en compte.

  En escroc raffiné qu'il est, M. Huganay sait bien évidemment s'entourer de lourdauds à la force physique utile aux basses oeuvres, comme la scène du cimetière le démontre alors que Jupiter/Hannibal et Pete sont malheuresement maîtrisés (scène illustrée à venir en article annexe).

b.Un redoutable adversaire:

  Mais lui-même est un ennemi redoutable et perspicace: il n'a pas été trompé par la diversion concoctée par le chef des jeunes détectives (Chapitre 18):

  "Don't feel so badly, boys," Huganay said, seeming to read their thoughts. "I have, after all, outwitted the guards at the Louvre, in Paris, and at the British Museum in London. As it is, you very nearly outsmarted me. That stratagem of sending off your conspicuous old car to be followed while two of you came here by truck was most ingenious."
  He chuckled and relighted his cigar, which had gone out in the dampness. The fog wrapped round him like a cloak and the flame of his lighter gave his face a sinister, satanic look."

Madeleine Prévost, 1977.
 
  "Ne prenez pas votre défaite trop à coeur, les garçons! dit Huganay qui semblait avoir pénétré leurs pensées. J'ai dupé les gardiens du musée du Louvre de Paris et ceux du British Museum de Londres. Et vous, vous avez failli me duper. Ce n'est pas si mal pour deux garçons de votre âge. L'idée d'envoyer la Rolls ailleurs pendant que vous veniez ici était vraiment for ingénieuse."
  Il gloussa avec satisfaction et ralluma son cigare que l'humidité avait éteint. Le brouillard s'enroulait autour du voleur comme un manteau, et la flamme de son briquet donna une apparence sinistre à son visage."

b.Félicitations téléphoniques:

  Au Chapitre 19, à la suite des actes de bravoure redempteurs de Peter, il reste fidèle à son caractère de malfaiteur gentleman en délivrant de surprenantes mais sincères félicitations aux Trois Jeunes détectives. Il les appelle d'un aéroport et s'apprête à quitter les Etats-Unis:

Jacques Poirier, 1967.
  "He picked up the receiver and held it near the speaker that allowed trhem all to listen.
  "Hello," he said. "The Three Investigators, Jupiter Jones speaking."
  "Congratulations, young Jones," said a man's voice with a small, ironic chuckle, and all the boys looked at each other. It was definitely a voice with a French accent. Mr. Huganay! [...]
  "You outmanoeuvered me," said Mr. Huganay. "Few people have done that. If you boys ever come to Europe, look me up. I will show you the French underworld and perhaps you may have a chance to try your wits on some mystery there. No hard feelings on my part, if there are none of yours. Agreed?"
  "Well-yes," Jupiter said, blinking at his partners. "Agreed."
  "[...] Au revoir, then, and again my congratulations."
  He hung up. Jupiter hung up, too, and the three partners stared at each other."

  "Hannibal décrocha et plaça le combiné près du micro, pour que ses camarades pussent entendre toute la conversation.
  "Allô! dit-il. Ici, les Trois jeunes détectives. Hannibal Jones à l'appareil.
  -Bonsoir, mon jeune ami, fit une voix ironique, marquée d'un indiscutable accent français. [...]. Il y a peu de gens qui peuvent se vanter d'avoir été plus fins que moi. Vous le pouvez. Si jamais vous venez en Europe, faites-moi signe: je vous trouverai un bon petit mystère européen à résoudre. Au demeurant, je ne vous en veux pas le moins du monde. Au revoir, et sans rancune. D'accord?
  -Euh!... oui, d'accord, dit Hannibal.
  [...] Huganay raccrocha.
  Hannibal raccrocha aussi, et les trois garçons s'entre-regardèrent..."

NOTE: la traduction omet la mention "French underground", qui désigne le milieu criminel voire mafieux. Cela peut donc être interprété comme une invitation à être enrôlé.

  M. Huganay est un personnage particulier en ce qu'il fait partie de ceux qui réapparaissent dans le cours de la série. Je ne révélerai pas ici dans quel tome il revient, mais certains lecteurs le savent peut-être déjà.

Madeleine Prévost, 1977.

  L'admission de la défaite définitive de M. Huganay plonge Jupiter/Hannibal & Co.dans le trouble, car ils ne savent pas encore qu'ils ont effectivement résolu l'affaire et trouvé involontairement le tableau qui était en jeu.
  Et pourtant, encore quelques chapitres plus tôt (Chapitre 14) le moral était au plus bas:

"[...] We might as well face it. We didn't get get back Mr. Fentriss's parrot. We didn't get back Miss Waggoner's parrot. We didn't help Mr. Claudius get back the painting John Silver hid. We've flopped. Our accomplishments are totally negative."
  "[...] Frankly, I'd say we're stuck, all the way round."
  For several minutes they were all silent. At last Jupiter nodded.
  "Yes," he said. "I cannot think of any way now to find the missing parrots or learn the three parts of John Silver's message that we still do not know. As you say, we're stuck. Our investigation had proved a dud."

  "[...] Nous n'avons pas récupéré le perroquet de M. Fentriss. Nous n'avons pas récupéré le perroquet de Mlle Waggoner. Nous n'avons pas aidé M. Claudius à récupérer le tableau de John Silver. Nous avons échoué sur toute la ligne.
  [...] Il y eut un long silence. Enfin Hannibal inclina la tête.
  "Oui, fit-il. Je ne peux imaginer aucun moyen de retrouver les perroquets ou de deviner les trois phrases qui nous manquent. Notre enquête se solde par une déconfiture complète."

  Comme Robert Arthur avait un excellent sens du contraste, de la nuance, preuve en est les imperfections de ses personnages principaux, les jeunes détectives ont eu du fil à retordre. Et, comme il l'est énoncé au Chapitre 20, même si chacun a fait preuve de qualités différentes mais primordiales, le facteur chance ne l'a pas moins été:

   "So," [Alfred Hitchcock] said, "in the end you got back the parrots, solved the mysterious message, and found the lost masterpiece, which you returned to Mr. Claudius."
  "Yes, sir," Jupiter said. "Of course" - the admission came with some reluctance but Jupiter was too honest not to make it- "we did have some luck."

  "Et le détective en détective en chef résuma toute l'enquête à laquelle sa jeune mais brillante agence venait de se livrer. Il termina en reconnaissant honnêtement, bien qu'avec répugnance, que la chance l'avait beaucoup servi."

D.Les perroquets et leurs messages:

1.Références culturelles:

  Mais revenons en arrière et prenons le temps de décrypter les messages codés sortis de l'esprit ludique de John Silver. Outre toutes les péripéties et autres dangers, ce sont les phrases répétées par les perroquets qui sont la colonne vertébrale du roman, ne l'oublions pas. En tant que personnage cultivé, Jupiter répère immédiatement au Chapitre 9 ce qui lie le créateur de l'énigme et les noms qu'il a attribués aux oiseaux:

 "[...] Mr. Silver was a man who knew books and probably worked with books. First, look at the name he selected for himself - John Silver. I feel sure he borrowed it from the character of Long John Silver, the pirate in Treasure Island."
  "Well, that makes sense," Pete agreed.
  "The very fact that he named himself after a pirate gives us a hint that this mysterious treasure of his was stolen in the first place, which was probably the reason he didn't dare try to sell it.
  "To confirm the fact he was a man who worked with books," Jupiter went on, "look at the names he gave the parrots. Billy Shakespeare - Little Bo-Peep - Blackbeard the Pirate - Sherlock Holmes - Robin Hood - Captain Kidd."
  "And Scarface," Pete reminded him.
  "[...] Most of the names have bookish or historical associations."

Jacques Poirier, 1967.

  "[...] John Silver était un fin lettré et [...] il s'était beaucoup beaucoup occupé de livres. Son pseudonyme, d'abord: John Silver! Cela fait aussitôt penser au pirate de l'Île au trésor.
  -Logique, reconnut Peter.
  -Le fait même qu'il ait pris un nom de pirate laisse croire que son trésor était le produit d'un larcin: c'est pourquoi il n'osait pas le vendre.
  "J'ai dit qu'il s'était occupé de livres. Les noms qu'il a donnés à ses perroquets sont ceux d'hommes célèbres ou de héros de romans: Shakespeare, Barbenoire le Pirate, Sherlock Holmes, Robin des Bois, Le Capitaine Kidd.
  -Il y avait aussi Scarface, un gangster américain, objecta Peter."
  
  Voici, pas à pas, la façon dont nos trois amis prennent connaissance de chacun des messages et celle dont ils les résolvent, non sans tâtonnements non recopiés.

2.L'énigme de John Silver en 7 parties:

a.Little Bo-Peep/Petit Patapon (Partie 1):

"Little Bo-Peep has lost her sheep and doesn't know where to find it. Call on Sherlock Holmes!"/"Petit Patapon a perdu ses moutons. Il faut aller voir Sherlock Holmes."

Madeleine Prévost, 1977.

  C'est Miss Waggoner qui dévoile au Chapitre 3 la phrase que prononce le perroquet qu'elle a acheté à l'oncle de Carlos:

Jacques Poirier, 1967.
  "Did Little Bo-Beep talk, Mis Waggoner?"
  "Oh, she certainly did. She said, 'Little Bo-Peep has lost her sheep and doesn't know where to find it. Call on Sherlock Holmes.' Isn't that a curious speech to teach a parrot?"
  "Yes, ma'am," Jupiter agreed. "Did she say this in a British accent?"
  "Yes, a very cultivated British accent, as if she had been carefully taught by a well-educated Englishman."

  "[...] Dites-moi, Patapon parlait-il?
  -Bien sûr qu'il parlait! Il disait: "Petit Patapon a perdu ses moutons. Il faut aller voir Sherlock Holmes." Curieux discours pour un perroquet, n'est-ce pas?
  -En effet, acquiesça Hannibal. Cette phrase, Patapon la prononçait-il avec l'accent anglais?
  -Oui! Un accent très distingué, même."

  A première vue, la phrase de Petit Patapon est plutôt fidèle au texte original. Mais celui-ci signale qu'il s'agit d'un extrait d'une comptine très populaire pour les Anglo-Saxons écrit par un auteur imaginaire, Mother Goose, (Ma Mère l'Oye  ainsi qu'elle a été nommée par Charles Perrault). L'origine du nom est bien trop ramifiée pour que je vous en donne un exposé exhaustif. Cependant Bo-Peep est traduit par Petit Patapon qui n'est pas un personnage à proprement parlé mais le refrain très sonore dans la comptine française "Il était une bergère" (la locution "tout à petit patapon" signifie par ailleurs "tout doucement"). On comprend donc pourquoi il était plus simple d'omettre les passages qui s'y réfèrent dans la traduction, notamment à la suite du rêve de Bob, dans la section omise du Chapitre 5 à laquelle j'ai déjà fait allusion. Le texte français ignore donc la réflexion sur le fait que le vers prononcé par le perroquet est erroné:

  "[...]The line was wrong. The real Mother Goose line, as Bob remembered it, went, "Little Bo-Peep has lost her sheep and doesn't know where to find them."
  But the parrot named Bo-Peep didn't say them, it said it."

 Jupiter affirme même par la suite que "Sheep" en anglais peut-être singulier ou pluriel alors qu'en français, on parle plutôt d'un troupeau. Raison de plus pour adapter le texte original.
  La deuxième partie du texte attribué au premier perroquet contient aussi une nuance importante que Jupiter décèle au Chapitre 16:

  "[...] Do you notice anything odd about the message?"
  "Sherlock Holmes is dead," Pete said.
  "Sherlock Holmes is just a character in a book," Bob said. "We can't call him on the case."
  "That's just it!" Jupe said. "The message doesn't say to call in Sherlock Holmes but to call on Sherlock Holmes - call on him at his house [...]."

  "[...] Cela vous paraît-il normal?
  -Sherlock Holmes est mort depuis longtemps, fit remarquer Peter.
  -D'ailleurs il n'a jamais existé: c'est un personnage de roman, ajouta Bob.
  -Précisément, dit Hannibal. Néanmoins, si nous voulons aller voir Sherlock Holmes, nous devrions nous présenter à son adresse [...]."

NOTE: "call in" pourrait être traduit par "faire appel" dans un sens qui reste figuré. "Aller voir" est donc un bon équivalent pour "call on" qui implique un déplacement physique.

b.Billy Shakespeare (Partie 2):

"To-to-to be or not to be, that is the question."/"Être ou ne pas être. Beaucoup de-de-de-b-bruit pour rien."

Jacques Poirier, 1967.

  Après avoir compris l'imposture de M. Claudius Jupiter/Hannibal et Peter retourne à la maison pour trouver le véritable M. Fentriss qui, après s'être remis de ses émotions, répond à leur question à propos du perroquet qui donne le titre au roman:

  "I was very attached to Billy," the man said. "His full name is Billy Shakespeare. You know who William Shakespeare was, of course."
  "Yes, sir," Jupiter said. "The world's greatest playwright. Born in England in 1564 and died in 1616. His plays are still popular all over the world, Hamlet is probably his best-known play."
  "Many's the time I played Hamlet," Mr. Fentriss said with animation. "Oh, I was a great success as Hamlet." He put one hand against his chest and stretched out his other hand. In a deep voice, he said, "To be, or not to be, that is the question'." Then he turns to the boys. "A line from Hamlet," he said. "Probably the best-known line Shakespeare ever wrote. And my parrot used to quote it. He said it over and over."
  "Your parrot quote Shakespeare?" Pete asked. "He must have been a very educated bird."
  "He was, definitely. He quoted it in a very good British accent. There was only one drawback."
  "Drawback?" Jupiter asked.
  "The poor bird stuttered," Mr. Fentriss told him.
  "When he quoted the line, he said, 'To-to-to be or not to-to-to- be, that is the question'."
  Jupiter's eyes lighted with intense interest.
  "Did you hear that, Pete?" he asked. "Whoever heard of a stuttering parrot before? I have a feeling that this is going to be a most unusual case."
  Pete had a feeling, too. He had a strange, sinking feeling that Jupe was right."

Madeleine Prévost, 1977.

  "Je lui suis très attaché, commença M. Fentriss. Je l'avais Shakespeare en l'honneur d'un écrivain dont vous avez peut-être entendu parler.
  -Bien sûr. C'est l'un des plus grands dramaturges de tous les temps. Il a vécu en Angleterre, à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. Il a écrit une trentaine de pièces de théâtre, dont la plus célèbre est probablement Hamlet.
  -Hamlet! Que de fois ai-je joué ce rôle! s'écria le vieil acteur en s'animant. Et avec quel succès!"
  Il pressa une main contre sa poitrine, étendit l'autre bras et prononça d'une voix funèbre:
  "Être ou ne pas être: voilà la question!"
  Puis, se tournant vers les garçons, il expliqua:
  "C'est un vers d'Hamlet. L'un des plus connus de toute l’œuvre de William Shakespeare. Mon perroquet le citait sans cesse.
  -Votre perroquet citait Shakespeare? s'étonna Peter. C'était donc un perroquet très cultivé!
  -Certainement. Il avait même un accent britannique fort distingué, mais il avait aussi un défaut.
  -Un défaut?
  -Le malheureux bégayait. Il disait: "Être ou ne pas être", et ensuite au lieu de "voilà la question", il s'écria: "Beaucoup de-de-de b-bruit pour rien!" ce qui est le titre d'une autre pièce du même auteur."
  Les yeux brillants, Hannibal se tourna vers son ami:
  "As-tu jamais entendu parler d'un perroquet bègue, Peter? Je sens que cette enquête ne sera pas ordinaire!"
  Peter le sentait également, mais il n'en était pas aussi enchanté qu'Hannibal."

Madeleine Prévost, 1977.
Boiry, 1981.






















  A noter que Jupiter/Hannibal exprimait de la même manière son enthousiasme à la fin de The Secret of Terror Castle/Au Rendez-vous des Revenants face à l'annonce d'Alfred Hitchcock.

  Encore extrait de la grosse omission du Chapitre 5, Jupiter énonce un point très important. Le vers erroné du premier message en plus de ce begaiement du perroquet suppose une intention bien spécifique, ces anomalies sont sans aucun doute voulues:

  "Correction," Jupiter said. "Billy Shakespeare stuttered. That could be called a mistake. Little Bo-Peep speaks her line from Mother Goose incorrectly. That makes two mistakes. [...] In this case we feel sure the two parrots were taught by a well-educated Englishman. One mistake could be an accident. Two mistakes suggest purpose."

  Jupiter ne comprendra pas la raison de ce bégaiement avant le Chapitre 16:

  "[...] A very famous line. But the parrot who repeated it was taught to stutter. It said "To-to-to be, or not to-to-to be...' Parrots don't stutter unless they are taught to on purpose. That means we're especially supposed to notice that 'to-to-to be' business."
  "I noticed right off," Pete said. "But nothing happened."
  Jupiter wrote something on a sheet of paper.
  "Look what happens," he said, "when I write 'Baker Street and put that "to-to-to be after this way."
  They stared at the paper with popping eyes. What Jupe had written was:


Baker Street 222 B

  "Gleeps!" Pete breathed. "An address!"
  "Of a graveyard?" Bob asked."

  "[...] Prenons la phrase 2: "Être ou ne pas être. Beaucoup de-de-de b-bruit pour rien." Les perroquets ne bégaient pas naturellement. Ils ne le font que si on leur apprend à le faire. Donc, nous devons attacher une importance particulière au fragment "de-de-de b".
  -C'est bien ce que j'ai fait, mais ça ne sert à rien", protesta Peter.
  Hannibal griffonna quelque chose sur un bout de papier.
  "Regardez ce qui se passe si j'écris ces indications de la façon suivante."
  Il leur tendit le papier et les garçons y lurent:

Baker Street 222 B

  "Baker Street deux-deux-deux B! articula Bob.
  -Mazette! c'est une adresse! s'écria Peter.
  -L'adresse d'un cimetière?" demanda Bob."

  Et c'est donc à ce moment que le lecteur français comprend pourquoi la traduction a choisi de rajouter dans le message, le titre d'une autre pièce de Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien et d'y appliquer le bégaiement. Même si le b se prononce "beu" plutôt que "bé" lors de bégaiement, c'est certainement une des façons les plus efficaces possible de rendre le texte original correctement.

c.Blackbeard/Barbenoire (Partie 3):

"I'm Blackbeard the Pirate, and I've buried my treasure where dead men guard it ever. Yo-ho-ho and a bottle of rum!"/"Je suis Barbenoire le Pirate. J'ai enterré mon trésor pour qu'il soit gardé par des morts. Yo ho ho! et une bouteille de rhum!"

  Toujours selon M. Fentriss, Ramos Sanchez a eu du mal à vendre Billy Shakespeare parce qu'il bégaie et un autre oiseau qui ne ressemble pas aux six autres perroquets:

  "When I saw him he had just two cages on his cart. One held Billy. The other held some curious-looking darkish bird, all bedraggled, which he said, was a rare black parrot. But I was sure no such thing existed. He said no one would buy it because it looked ill."

  "Il n'y avait que deux cages dans sa carriole, ce jour-là: celle de Shakespeare, et puis celle d'un oiseau au plumage foncé et d'aspect assez terne. Le marchand prétendait que c'était un perroquet noir, très rare, mais que personne ne voulait le lui acheter à cause de son air maladif."

  Blackbeard/Barbenoire accompagnait Silver avant qu'il ne se procure les sept perroquets à tête jaune. C'est une circonstance précise qui lui donne un rôle particulier:

  "He have Blackbeard, the birds that talks, with him when he comes. It ride on his shoulder all the time, and say swear words. This make Mr. Silver laugh.
  "[...] But one parrot with yellow head die. Mr. Silver is much upset. Then he say Blackbeard will have to double for parrot. I do not know what that means."
  "Here in Hollywood," Pete put in, "everybody knows what a double is. It's someone who takes the star's place for a stunt."
  "Well, anyway, he finish teaching six yellow parrots and dark one, which he says is rare kind of parrot."

  "Barbenoire, qu'il avait apporté avec lui dès le premier jour, ne le quittait jamais.
  [...] Un jour, un des perroquets à tête jaune est mort. Señor Silver a été très chagriné, et puis il a dit: "Barbenoire va le remplacer."

NOTE: on note encore beaucoup d'omissions dans le texte français: Barbenoire connaît des jurons, ce qui faisait rire John Silver; celui-ci affirmait qu'il s'agissait d'une race de perroquet rare; et surtout l'intervention de Peter au sujet des doubles On retrouvera de temps en temps ce genre de réplique de sa part, car son père travaille dans le milieu du cinéma.

  A la fin du Chapitre 6, les détectives font connaissance avec ce specimen issu d'une espèce rare de perroquet. En effet, une cliente mécontente vient le restituer à Ramos Sanchez. Et Peter en fait les frais:

  "Carlos turned towards Jupiter and Pete.
  "It must be Blackbeard," he said. "He talk so well, my uncle and I, we are sure he is some kind of rare parrot."
  He opened the box, and a small dark bird with a large yellow bill shook itself, fluffed its feathers, and flapped its wings. It sailed upwards and alighted on Pete's shoulder.
  "Why, that's no starling!" Jupiter exclaimed excitedly. "That's a mynah bird. They can be taught to talk even better than parrots. Well trained ones are quite valuable."
  "I'm Blackbird the Pirate!" the mynah bird suddenly exclaimed, in a raucous, piratical voice. "I've buried my treasure where dead men guard it ever! Yo-ho-ho and a bottle of rum!"
  Then it burst into a string of expressions the boys knew their families would never approve of. But they scarcely heard the words in their excitement.
  "Blackbeard!" Jupiter exclaimed. "The bird Mr. Claudius wants so badly. And we have him!"
  At that moment, Blackbeard, looking round hungrily, saw Pete's ear temptingly close. He nipped it. Pete gave a yell and batted Blackbeard into the air. The bird flapped its wing, the soared off skywards.
  "It's gone!" Jupiter said. "Pete, you've just lost us a very valuable clue!"
  "And it's lost me some very valuable blood," Pete muttered, applying his handkerchief to his ear as they watched Blackbeard disappear behind a clump of trees. Despite his words, Pete felt pretty low. The mynah bird's remark about buried treasure and dead men guarding it had sounded even more mysterious than the queer things reported to have been said by Billy Shakespeare and Bo-Peep. He felt sure that his stocky partner was right, that a very important clue had been in their hands.
  And he had chased it away!"

  "C'est sûrement Barbenoire, expliqua Carlos à ses nouveaux amis. Il parle si bien que nous le prenions pour un perroquet."
  Il ouvrit le carton. Un oiseau de petite taille, d'un noir bleuté avec un gros bec jaune, se montra, ébouriffa ses plumes, battit des ailes et alla se percher sur l'épaule de Peter.
  "Ce n'est pas un étourneau! s'exclama Hannibal. C'est un mainate. Les mainates, qu'on appelle aussi merles des Indes, parlent encore mieux que les perroquets. Ceux qui sont bien dressés valent beaucoup d'argent.
  -Je suis Barbenoire le Pirate! s'écria tout à coup l'oiseau d'une voix enrouée. J'ai enterré mon trésor pour qu'il soit gardé par des morts. Yo ho ho! et une bouteille de rhum!
  -Barbenoire! C'est l'oiseau que M. Claudius veut absolument retrouver, dit Hannibal. Et c'est nous qui l'avons. Et c'est nous qui l'avons."
  Mais à cet instant, Barbenoire, qui avait peut-être faim, et qui vit le lobe de l'oreille de Peter à portée de son bec, le pinça violemment. Peter poussa un cri de douleur et, d'un revers de main, chassa le mainate qui prit son vol et, par la fenêtre béante, s'élança dans le ciel.
  "Peter! Nous venons de perdre un précieux indice par ta faute! s'écria Hannibal.
  -Tu ferais mieux de penser au sang que je perds", répliqua Peter en pressant son mouchoir contre son oreille.
  Mais, à la vérité, il se sentait coupable. Barbenoire n'avait-il pas prononcé une phrase plus mystérieuse que celles de Shakespeare et de Patapon? N'avait-il pas fait allusion à un trésor caché?..."

  Dans le Chapitre 8, Konrad confie un paquet à Peter et Bob de la part de Carlos. Il s'agit du mainate qu'il a pu retrouver. Vous remarquerez au passage que sa petite rivalité avec le détective adjoint trouve une suite:

  "Come on, Bob!" Pete said. "Let's go into Headquarters and open it. I have a funny felling it's something Jupe is going to be awfully happy to see."
  Inside Headquarters Pete closed the roof ventilator.
  "No use taking chances," he said, as he cut the string round the box. He opened the cardboard flaps, and there squatting in a corner and looking miserable, was a medium-sized dark bird with a yellow beak.
  "It's Blackbeard!" Pete yelled.
  There was a piece of paper in the box. Bob picked it up. It had writing on it that looked as if someone had spent a long time trying to get the letters into the right shape.

  Dear Señor Jupiter,
    Here is Señor Blackbeard. He come home at dinner time. I send him to you. I wish you to have him, for he is my friend and you are my friend. Besides, I have fear the fat man try to steal him. We now have nice house and I thank you one thousand times.
                                                       Carlos Sanchez.

  When Bob finished reading the letter out loud, the mynah bird fluffed up his feathers and hopped on to the edge of the box. He looked at Pete's fingers as if they might be good to eat. Pete jerked his hand away.
  "No, you don't!" he yelled. "You tried my ear yesterday. You're not getting any more of my blood. You might turn into a vampire mynah bird."
  There was a noise behind them. Jupiter crawled into Headquarters and started to stand up. He was only halfway straightened up when he came eye to eye with Blackbeard sitting on the edge of his box.
  Jupiter and Blackbeard froze. For a moment they stared into each other's eyes. Then Blackbeard flapped his wings.
  "I'm Blackbeard the Pirate! I've buried my treasure where dead men guard it ever!" he croaked. "I never give a sucker an even break, and that's a lead pipe cinch!"
  And he laughed, in a phony way, like a man who knows a good joke he isn't going to tell."

Boiry, 1981.

  "Viens au PC, Bob, dit Peter. Je crois que je devine ce que c'est."
  Les garçons passèrent derrière la presse à imprimer. Bob écarta le grillage qui fermait l'entrée du tunnel 2. Les deux détectives se glissèrent à l'intérieur. Après quelques mètres de reptation, ils se trouvèrent sous le trou d'homme qui leur permit de déboucher dans le PC.
Harry Kane, 1964.
  Après avoir allumé l'électricité, Peter tira son canif et coupa la ficelle attachée autour du carton. Puis il
ouvrit le carton lui-même. Dans un coin, l'air malheureux, était tapi un oiseau au bec jaune.
  "C'est Barbenoire!" cria Peter.
  Il y avait aussi, dans le carton, un morceau de papier dont Bob se saisit aussitôt. Avec plus d'application que d'adresse, le donateur y avait griffonné l'épître suivante:

                    Cher Señor Hannibal,

    Voilà Barbenoire. il est rentré pour dîner. Je vous l'envoie. Je veux qu'il soit à vous parce qu'il est mon amigo et vous êtes mon amigo. Maintenant la casa tient debout et je vous dis gracias.
                                                                        CARLOS SANCHEZ.

  Bob venait de finir sa lecture lorsque le mainate s'ébouriffa les plumes et sauta sur le bord du carton. Il regarda les doigts de Peter comme s'il les tenait pour comestibles. Peter retira précipitamment sa main.
  "Non, vieux brigand. Tu as déjà mangé la moitié de mon oreille. Ca suffit. Tu n'es pas un mainate, mais un vampire."
  A ce moment, la trappe se souleva et Hannibal parut. Il n'avait pas encore complètement émergé du trou d'homme que ses yeux rencontrèrent ceux du mainate. un instant, le garçon et l'oiseau se regardèrent, immobiles. Puis le mainate battit des ailes et proclama:
  "Je suis Barbenoire le Pirate. J'ai enterré mon trèsor pour qu'il soit gardé par des morts. Petit malin, ne te monte pas le bourrichon. Je te passerais bien le tuyau mais tu ne saurais qu'en faire. Ha! ha! ha!"
  L'oiseau éclata d'un rire sardonique, comme s'il connaissait le fin mot d'une plaisanterie qu'il n'avait pas l'intention de dévoiler."

  Au Chapitre 9, le mainate assiste à une des réunions des détectives, et Jacques Poirier n'oublie pas d'illustrer sa présence:

  "Over their heads Blackbeard sat in the cage Jupiter had found for him out in the salvage yard, and seemed to listen to every word."

Jacques Poirier, 1967.

  "Au-dessus de leurs têtes, Barbenoire trônait dans une cage qu'Hannibal avait trouvée parmi le bric-à-brac et suspendue au plafond. L'oiseau écoutait attentivement la discussion des garçons et paraissait tout comprendre."

  Et il ponctue leurs réflexions de phrases auxquels ils ne prêtent pas attention, la première étant partie de son propre message, mais les autres celles d'autres perroquets:

  "Yo-ho-ho and a bottle of rum!" screeched Blackbeard."/"Yo ho ho! et une bouteille de rhum! lança soudain Barbenoire."

  "Look under the stones beyond the bones! I never give a sucker an even break!" shrieked Blackbeard, flapping his wings."/"Cherchez soigneusement sous les pierres, derrière les ossements! hurla Barbenoire en battant des ailes."

  Lorsqu'à la fin du chapitre, ils sont rappelés par la tante Mathilda, la narration lui donne même la dernière réplique, qui résonne à la fois de manière comique mais aussi à un autre niveau. Ils retournent travailler pour le bric-à-brac des Jones mais ils doivent également continuer à se creuser la tête pour résoudre l'enquête:

  "[...] Behind them as they went they heard Blackbeard croaking, "Back to work! Back to work!"
  He sounded as if he was enjoying himself."

  "Derrière eux, battant des ailes, Barbenoire criait à son tour:
  "Au travail! Au travail!"
  Il avait l'air de s'amuser ferme."

  Le titre a beau se référer à Billy Shakespeare, mais l'oiseau le plus important dans cette aventure, le lecteur le découvre en même temps que les trois héros, n'est autre que Blackbeard/Barbenoire. J'ai isolé la scène du Chapitre 14 où, grâce à celui-ci, il finissent par disposer de la liste complète (article à venir), alors qu'ils étaient juste un instant auparavant certains de leur ultime défaite. Il refera de brèves apparitions dans des tomes ultérieurs. Jacques Poirier le dessinera même parfois alors que le texte ne le mentionnera même pas.

  Dans le Chapitre 19, intitulé "Blackbeard has the Last Word"/"Barbenoire a le dernier mot", délivre, après celles de M. Huganay, les félicitations que John Silver lui a enseignées aux détectives méritants:

  "They had found the lost masterpiece.
  "A piece off the end of the rainbow," Jupiter said. "That's how John Silver described the painting. Now I know what he meant."
  At the words "John Silver" and "painting" the sleepy mynah bird stirred. They seemed to wake some recollection in his mind. He flapped his wings twice and spoke.
  "John Silver," he said. "Good work, good work."
  Then the unusual mynah bird tucked his head under his wing and went to sleep."

Jacques Poirier, 1967.

  "Le chef-d’œuvre disparu était retrouvé.
  "Un morceau d'arc-en-ciel, dit Hannibal. Je ne m'étonne pas que John Silver ait parlé en ces termes de ce tableau."
  Entendant les mots "John Silver" et "tableau", le mainate qui commençait à s'endormir se secoua. Deux fois, il battait des ailes, puis prononça:
  "Du grant art, c'est indéniable! Je vous dis que c'est du grand art!"
  Puis il fourra sa tête sur son aile et s'endormit pour de bon."

  Même si Blackbeard/Barbenoire est bien plus important que le message qui lui est attribué, l'indication qu'il donne envoie finalement nos trois amis "where dead men guard it ever", c'est-à-dire où le trésor est "gardé par les morts." La solution sera donnée par M. Andrews, le père de Bob, au Chapitre 15 (voir la 2ème Partie concernant les parents Andrews/Andy, article à venir).

Madeleine Prévost, 1977.

d.Robin Hood/Robin des Bois (Partie 4):

"I shot an arrow as a test, a hundred paces shot it west."/"Je suis Robin des Bois, souple et preste. J'ai tiré une flèche à cent pas à l'ouest."

  L'adresse donnée par Billy Shakespeare se révélant, outre l'adresse de Sherlock Holmes, également celle d'un cimetière, Jupiter/Hannibal et Pete, de nouveau en tandem (Bob fait diversion, et l'illustration de Madeleine Prévost ci-dessous est donc erronée), s'y rendent au Chapitre 17 pour suivre les indications donnée par les messages suivants. Commence alors un mini-jeu de pistes.

Madeleine Prévost, 1977.

  Toujours aussi débrouillard, Jupiter/Hannibal trouve le moyen (non, pas le couteau suisse, cette fois-ci) de bien évaluer la distance indiquée par Robin Hood/Robin des Bois:

  "Pete," [Jupiter] asked, "are you sure your paces were a yard long?"
  "Well - I think so. I stretched all I could."
  "Still, let us measure. It always pays to make certain. Take two steps and mark the beginning and end."
  Pete did so. His partner took from his pocket a small piece of plastic. This was a calendar for the next three years and along one edge was an inch rule four inches long. With this he measured Pete's paces.
  "You've been pacing thirty-inch yards," he announced. "We're fifty feet short of a hundred yards. Take twenty more paces west."

Jacques Poirier, 1967.

  "Peter, es-tu sûr que tu as fait des pas de un mètre?
  -Je pense que oui.
  -Mesurons tout de même. Il vaut toujours mieux être sûr. Fais deux pas en marquant dans le sol le départ et l'arrivée.
  Peter obéit. Hannibal tira de sa pose un carnet de sa poche quadrillé en centimètres et mesura les pas de Peter.
  "Il te manquait dix centimètres chaque fois, remarqua-t-il. Fais dix mètres de plus."

e.Sherlock Holmes (Partie 5):

"You know my methods, Watson. Three sevens lead to thirteen."/"Vous connaissez mes méthodes, mon cher Watson. Trois sept conduisent au treize."

  Sherlock Holmes étant devenu une référence incontournable sur le plan littéraire, un archétype même, il n'est pas étonnant de lire cette réplique à propos de la première partie du message de la part du détective en chef au Chapitre 15:

  "[...] which is a well-known phrase from the stories [...]"/"[...] citation connue, tirée des récits de Conan Doyle dont Sherlock Holmes est le héros [...]"

  Quelques répliques originales du Chapitre 15 sont omises à propos de la seconde partie (ma traduction):

  "Blackbeard cocked his head. "Three severns lead to thirteen," he announced.
  "It sounded to me as if he said 'severns', not 'sevens'," Pete stated.
  "That's just the English accent," Bob put in. "Go on, Jupe."

  "Barbenoire pencha sa tête de côté. "Trois severns mène à treize," déclara-t-il.
  "Il me semble avoir entendu 'severns' et non pas 'seven'," dit Peter.
  "C'est juste à cause de l'accent britannique," dit Bob. "Continue, Babal."

  Et Peter découvre qu'il avait bien raison, détail qui est du coup gommé dans la traduction:

  "Look!" [Jupiter] said and pointed to three old headstones in a small plot opposite them. The headstones said that Josiah Severn, Patience Severn and Tommy Severn had all died of yellow fever [...].
  "Severn!" Pete shouted, as realisation struck him. "I told you the message sounded like 'Three Severns [...]!"
  "Here are three Severns," Jupiter admitted. "But how can they lead to thirteen?"

  "Regarde!"
  De la main, il indiquait trois pierres tombales dressées côte à côte. L'une portait le nom deJoseph Seth, l'autre celui de Dorothée et la troisième celui de Thomas Seth, morts tous en 1888 de la fièvre jaune [...].
  "Seth! s'écria Peter. Seth! c'est un nom de famille, pas le chiffre sept.
  "Trois Seth, dit Hannibal. Mais comment trois Seth peuvent-ils conduire à treize?

  La réponse se trouve sur une autre tombe:

  "The line ends at that stone, Jupe," [Peter] said. "See what it says."
  Jupiter was already hurrying towards the stone [...]. Pete dashed after him. They reached the tall stone together. It was blank. But when they moved round it, they stopped silmutaneously. For the inscription on the other side read:


Here Lie
13 Nameless Travellers
Struck Down
by Indians
June 17, 1876

  "Thirteen!" Pete breathed. "Three Severns led us to thirteen all right."

  "[...] Il aperçut une stèle étroite et haute.
  "Allons voir ce qui est écrit dessus, Babal."
  [...] Les deux garçons coururent jusqu'à la stèle. Lorsqu'ils l'eurent contournée, ils lurent l'épitaphe suivante:


CI-GISENT
XIII
VOYAGEURS INCONNUS
ABATTUS
PAR LES INDIENS LE XVII JUIN MDCCCLXXVI

  "Treize! haleta Peter. Les trois Seth nous ont bien amenés à un treize."


f.Captain/Capitaine Kidd (Partie 6):

"I'm Captain Kidd.  Look under the stones beyond the bones for the box that has no locks."/"Je suis le Captain Kidd. Cherchez soigneusement, derrière les ossements, sous les pierres, dans le trou, une boîte sans verrous."

  Nos amis trouvent très rapidement où chercher:

  "[...] But look, over there, straight beyond this monument and against the wall. There's a pile of stones where a section of the wall has fallen down and has never been repaired. Those are certainly stones beyond the bones. And they're the only such stones in sight. If we look undez them - "
  Pete hardly waited for him to finish. He was already galloping towards the collapsed section of wall where hundreds of stones, large and smzall, lay in a heap. As soon as he reached it, he began grabbing stones, moving them, and looking beneath them."

  "[...] Regarde là-bas, au pied du mur. Il y a un tas de pierres, à l'endroit où le mur s'est éffondré et n'a pas été réparé. Voilà des pierres qui se trouvent derrière les tombes, donc derrière les ossements. Allons voir..."
  Peter, déjà, galopait vers l'amas de pierres, au pied du mur. Aussitôt, il se mit à déblayer furieusement."

  Mais avant de trouver quelque boîte que ce soit, ils sont interrompus par Huganay et ses hommes. La scène est isolée dans un autre article à venir.

g.Scarface (Partie 7):

"I never give a sucker an even break, and that's a lead pipe cinch!"/"Petit malin, ne te monte pas le bourrichon. Je te passerai bien le tuyau mais tu ne saurais qu'en faire."


  Au Chapitre 9, Jupiter/Hannibal énumérait les références utilisées par John Silver:

"And Scarface," Pete reminded him.
"Probably named after a character in a gangster film."

  "Il y avait aussi Scarface, un gangster américain, objecta Peter.
  -Un gangster qui est ensuite devenu personnage de film."

  Et Pete déclarear dans le chapitre 10: "It sounds like something out of an old gangster movie"/"On dirait une phrase tout droit sortie d'un vieux film de gangsters" (Ma traduction.)

  En réalité, Scarface était le surnom de pas moins d'un des gangster les plus connus et des plus emblématiques de l'imaginaire américain, à savoir Al Capone. Armitage Trail écrivit même le roman intitulé Scarface en 1930, qui n'était pas à proprement parler biographique mais qui s'inspirait en grande partie de Capone. Il y eut une adaptation cinématographique du roman en 1932 réalisée par Howard Hawks. Et bien entendu le remake de Brian DePalma avec Al Pacino a marqué les esprits en 1983, mais il est évident que Robert Arthur n'a pas pu y faire référence vingt ans plus tôt.

  Pour ce qui est du message lui-même, il se trouve être fortement adapté dans la version française:

  "I never give a sucker an even break,'" Pete answered. "We heard Scarface say it himself, didn't we, Bob?"
  "That's right," Bob said. "But Blackbeard added, 'And that's a lead-pipe cinch.' I have all of that in my notes, remember? The second half of the message is an old slang expression meaning something is positively certain."

  "Petit malin, ne te monte pas le bourrichon", répondit Peter. Nous avons entendu Scarface le dire lui-même.
  -Et aussi: "Je te passerais bien le tuyau mais tu ne saurais qu'en faire", ajouta Bob. Du moins, dans la version de Barbenoire. "Le tuyau" signifie évidemment le renseignement. Et j'ai l'impression qu'il s'agit d'un "tuyau" crevé."

  L'expression utilisée en première partie de citation se retrouve aussi  dans un titre de film, celui de W.C. Fields, Never Give a Sucker an Even Break (1941) (Titre français: Passez muscade). L'expression prendrait plus précisément racine soit dans le milieu des escrocs soit d'une sorte d'argot issu des prisons et signifie qu'il ne faut pas hésiter à profiter des idiots.
  Comme l'indique Bob dans le Chapitre 15:

  "That certainly sounds as if Mr. Silver is telling us he's fooled us all along, especially as the last half of the message is another old slang phrase meaning something is positively certain, 'Even if you solve my message you won't find the picture, and that's fore sure.'"

  "Evidemment, il faut entendre "tuyau" dans le sens de "renseignement". Mais malgré tout, on a l'impression que John Silver voulait dire à M. Claudius: "Même si vous déchiffrez mon message, vous ne trouverez pas le tableau."

  Je propose une autre traduction, plus littérale: "On dirait à coup sûr que M. Silver s'est moqué de nous depuis le début, précisément car la seconde moitié du message est une autre expression argotique voulant dire que quelque chose est totalement certain: "Même si vous trouvez la solution à mon message, vous ne trouverez pas le tableau, c'est sûr et certain."

  Ceci dit, l'essentiel est que le mot "tuyau" soit retenu, car c'est justement ce qui est appelé "box that has no locks"/"boîte sans verrous" dans le message précédent. Et c'est précisément ce que Peter a emporté avec lui, par inadvertance:

  "What," [Jupiter] finished, "is that thing on the desk in front of you Pete?"
  Pete looked at it. Bob looked at it. Even the drowsy Blackbeard stuck his head through the wires of the cage and looked at it.
  "It's a piece of pipe,"Pete said.
  "Where did you get it?"
  "I picked it in the graveyard and whammed Adams with it," Pete said. [...]
  "That piece of pipe," Bob said in a low voice, "with the caps closing it that way, might even be called a box."
  "Without," Pete finished for him, "any locks."

  "[...] Peter, comment appelles-tu l'objet que tu viens de poser devant toi, sur ce bureau?"
  Peter considéra l'objet.
  Bob considéra l'objet.
  Et même Barbenoire, tout ensommeillé qu'il était, passa la tête entre les barreaux de sa cage et considéra l'objet.
Jacques Poirier, 1967.
  "C'est un vieux bout de... tuyau, dit Peter.
  -D'où le tiens-tu?
  -Je l'ai ramassé par terre, dans le cimetierre, et je m'en suis servi pour cogner sur Adams. [...]
  "C'est à peu près ce qu'on pourrait appeler une boîte..., suggéra timidement Bob.
  -Sans verrous, ajouta Peter."

  Et c'est ainsi que les Trois Jeunes détectives retrouvent le tableau que John Silver avait dissimulé et qui sera restitué à M. Claudius:

  "[...] Pete pushed his finger into the pipe. As he pulled it out something emerged and fell on to the desk. It was a length of canvas, rolled up tightly.
  "Canvas," Jupiter said in a choked voice, "can be rolled up without damaging it, thus a large piece can be kept in a small cylinder. Unroll it, Pete."
  Pete unrolled it. He held it out flat on the desk and they all stared at it."

  "Peter plongea le doigt dans le tube. Un rouleau de toile émergea lentement et tomba sur le bureau.
  "De la toile..., murmura Hannibal d'une voix étouffée. Ca se roule sans s'abîmer. Défais le rouleau, Peter."
  Peter le défit, l'étala. Les trois garçons écarquillèrent les yeux.."

  Comme pour la première enquête, il est maintenant temps de récapituler ses étapes et de fixer celle-ci temporellement.



IV.Temporalité:

1.Saison:

  Avant d'établir la chronologie à proprement dite, il y a deux choses importantes à préciser.

  Premièrement, il nous est clairement donné à deux reprises la saison, ce qui n'était pas précisé dans le premier tome:

  "The heat of a summer day in Hollywood was heavy and oppressive."/"La chaleur de cette journée d'été était oppressante." (Chapitre 1)

  "There was still plenty of daylight - it was summer [...]"/[non traduit] (Chapitre 3)

2.Suite directe du premier tome:

  Puis tout indique, même si cela n'est pas explicité, que le premier chapitre se déroule dans la foulée de la fin du premier tome: Jupiter/Hannibal et Peter se trouve devant la maison de l'ami d'Alfred Hitchcock qui vient de leur donner l'adresse:

  "It was the home of Malcolm Fentriss, a retired Shakespearian actor and a good friend of Alfred Hitchcock, the famous director of suspense and mystery films and television programmes. In their capacity of investigators, the two boys had come to offer to aid Mr. Fentriss in finding a missing parrot. Mr. Hitchcock had mentioned to them that the actor had lost his parrot and was very anxious to get it back."

  "La maison [...] appartenait à Malcolm Fentriss, l'illustre acteur spécialisé dans les pièces de Shakespeare, et retraité depuis quelque temps. M. Fentriss était un ami du célèbre Alfred Hitchcock qui avait signalé aux trois jeunes détectives que l'ancien comédien recherchait un perroquet auquel il tenait beaucoup."

  D'autres indications nous permettent de le confirmer: ils sont toujours accompagnés de Worthington/Warrington et Bob est absent car, comme il nous l'est dit dans le Chapitre 4, il travaille à la bibliothèque municipale. On remarque toutefois dans ce chapitre que Robert Arthur oublie qu'il n'est pas censé savoir que ses camarades se sont déjà lancés dans une enquête, puisqu'il n'était pas avec eux dans le bureau d'Hitchcock. Il semble y être ainsi impliqué sans qu'on lui en ait donné toutes les premiers éléments.

3.Chronologie:

  Avec un jour à cheval sur les deux tomes, nous avons donc sept autres jours qui s'ajoutent aux onze de The Secret of Terror Castle/Au Rendez-vous des Revenants. Ils s'agencent de la façon suivante même si l'intrigue débute en réalité plus de trois semaines avant, avec John Silver qui, hébergé par l'oncle Ramos, prépare sa blague/énigme à l'attention de M. Claudius:

Jour 11 du premier tome/Jour 1 - Chapitres 1 à 5: M. Claudius en imposteur - Interview de M. Fentriss - Première rencontre avec M. Huganay - Mlle Waggoner - Rapport à Bob - Utilisation du Ghost-to-Ghost Hookup/Relais fantôme.
Jour 2 - Chapitres 5 à 7: Premier tâtonnements - Carlos et son oncle Ramos - Confrontation avec M. Claudius - Blackbeard s'échappe - John Silver.
Jour 3 - Chapitres 8 et 9: Retour de Blackbeard - Réunion des détectives.
Jour 4 - Chapitres 10 à 14: A la recherche des perroquets - Skinny Norris - Peter et Bob piégés par les Claudius - Explications de M. Claudius - Collaboration - M. Huganay s'empare des perroquets - Moral au plus bas - Blackbeard et les messages manquants.
Jour 5 - Chapitre 15: Réunion.
Jour 6 - Chapitres 15 à 19: M. Andrews donne un coup de main - Réunion et une bonne piste - Au cimetière - M. Huganay et ses hommes - Félicitations téléphoniques - Le tableau est retrouvé.
Jours 7 et 8 - Chapitre 20: Rendez-vous avec Alfred Hitchcock - Titres des journaux.

  Retenez bien ce nombre de 18 jours, car il me resservira dans l'article sur le troisième tome.

V.Continuité:

1.Publicité pour les détectives:

  On l'a vu dans le premier article principal, les Three Investigators/Trois Jeunes détectives, en particulier Jupiter/Hannibal, sont très préoccupés par la publicité faite pour leur agence. On apprend dans ce Chapitre 20 que, contrairement au premier tome, les jeunes détectives bénéficieront d'articles dans la presse locale et celle de Los Angeles.

Boiry, 1981.
 "So!" [Hitchcock] said. "I send you to find a friend's missing parrot, and instead you find a lost masterpiece and get your pictures in the paper.""

  "Only in our local paper, sir," Jupiter said respectfully. "The big Los Angeles papers just mentioned that some boys had found the picture under a pile of rocks in the Merita Valley graveyard."
  "They didn't even mention The Three Investigators," Pete added.
  "Still," Mr. Hitchcock said, holding up the Rocky Beach News, "I feel sure that this makes up for it. A picture of you, Jupiter Jones, and the car you won in the contest. A picture of the three of you together holding the painting you found. And a headline which says, "Three Young Local Sleuths Find Lost Masterpiece.' I'm sure you have at last secured adequate publicity for The Three Investigators."
 
  "Eh bien! fit [Hitchcock]. Je vous demande de chercher un perroquet et vous me trouvez un chef-d’œuvre de la Renaissance! Résultat: vous avez votre photo dans les journaux! C'est du travail, ça?
  -Seulement dans le journal local, monsieur, objecta Hannibal respectueusement. Les grands journaux de Los Angeles ont simplement parlé du tableau "découvert par quelques garçons dans un tas de pierres du cimetière de Merita." 
  -Ils n'ont même pas mentionné notre agence! se plaignit Peter.
  -Sans doute, reconnut M. Hitchcock. Mais Les Nouvelles de Rocky vous ont, en revanche, fait la part belle."
  Le grand metteur en scène brandit un journal abondamment illustré de photos.
  'Voici Hannibal Jones et la fameuse Rolls. Vous voici tous les trois avec le tableau que vous avez découvert. Et voilà un titre qui proclame sur cinq colonnes: "Trois jeunes garçons de la ville découvrent un chef-d’œuvre disparu." En fait de publicité pour votre agence, je ne sais pas ce qu'il vous faut de plus.

Madeleine Prévost, 1977.

2.Vers une troisième enquête:

  A la grande satisfaction de Jupiter/Hannibal, cette publicité porte ses premiers fruits:

  "Yes, sir," Jupiter agreed. "We've been offered several assignments already on the strength of those stories. What do we have booked, Bob?"
  Bob Andrews whipped out his notebook.
  "Let me see," he said. "A lost Siamese kitten: a statue of the Greek god Pan, stolen from a garden in Hollywood: a ghostly old boat that appears only on foggy nights and always beaches in front of a certain house at Malibu Beach; and the mystery of why someone keeps changing the numbers on the front of three houses in Rocky Beach. That's all so far."

  "C'est exact, monsieur, reconnut Hannibal. On nous a déjà proposé plusieurs enquêtes, à la suite de cet article. Qu'avons-nous à l'ordre du jour, Bob?"
  Bob Andy tira son carnet.
  "Un chat siamois perdu; une statue du dieu grec Pan dérobée dans un jardin d'Hollywood; un vaisseau fantôme apparaissant par temps de brume face à une certaine maison de la plage de Malibu; les numéros de trois maisons de Rocky qui ne cessent de changer pour une mystérieuse raison. Pour l'instant, c'est tout!"

  Précisons que c'est la première fois que Bob rencontre le réalisateur. Toutes ces sollicitations énumérées par Archives et Recherches ne seront pourtant pas le sujet de leur prochaine enquête.
  Après quelques points d'intrigue éclaircis, Alfred Hitchcock donne encore son accord pour rédiger une introduction à cette deuxième enquête réussie et leur promet de les recontacter dès qu'il a vent de quelque chose d'intéressant. Une fois les jeunes détectives partis, il se murmure à lui-même ce que l'on découvrira être l'intrigue du troisième roman The Mystery of the Whispering Mummy/La Momie qui chuchotait:

"Mmm," Mr. Hitchcock murmured to himself, "I wonder if I should have mentioned to the boys my friend Professor Yarborough, and the ancient Egyptian mummy which he says whispers to him whenever he's alone in the room with it?"

  "Hum! murmura Alfred Hitchcock resté seul. J'aurais peut-être dû leur toucher un mot de cette momie égyptienne qui appartient à mon vieil ami le professeur Yarborough et qui lui parle à l'oreille chaque fois qu'il est tout seul... J'ai bien envie de leur téléphoner..."

NOTE: Même si les détectives disposent d'un téléphone dans la Rolls, l'ajout de l'édition française n'est pas très pertinente puisqu'il les recontactera par lettre. On lira même, dans le deuxième chapitre du troisième tome, le moment où le professeur Yarborough décide de contacter le réalisateur.

3.Alfred Hitchcock change d'avis:

  Pour conclure, permettez-moi de revenir sur l'attitude d'Alfred Hitchcock envers les Trois Jeunes Détectives. Vous vous souvenez sans aucun doute qu'il se disait avoir été forcé contre son gré de collaborer avec eux et qu'il ne les portait pas vraiment dans son cœur. Figurez-vous, qu'il se laisse aller à quelques confidences aux lecteurs dans les dernières lignes du roman. L'efficacité de nos amis semble lui avoir donné de meilleures dispositions envers eux:

  "Upon reviewing everything that has happened since I first met Jupiter Jones and his friends, I am forced to conclude that perhaps I was a trifle too harsh in my judgment of them. Jupiter Jones is still somewhat headstrong and overly self-confident, but I have faith that his intelligence and judgement will enable him to overcome these faults. Indeed, I am strongly thinking of sending The Three Investigators on another case. Any interesting developments will be promptly reported to you."

  La traduction française est encore trop adaptée à mon goût. Comme il vient de révéler ce que sont devenus certains personnages, elle ajoute une phrase de transition et tronque allégrement le texte original:

  "Moi-même, je fais toujours des films, comme vous le savez, et ils toujours autant de succès. Une seule chose a changé: mon opinion sur les trois jeunes détectives.
  Au début, ils m'inspiraient beaucoup de méfiance. Maintenant, je vous l'avoue, je suis de plus en plus persuadé de leurs hautes capacités. Je pense même à les lancer dans une nouvelle aventure...
  Vous en serez avertis en temps utile, comptez sur moi."

  Même si l'idée générale est conservée, le texte original s'arrêtait particulièrement sur Jupiter. Je traduis par:

  "Hannibal Jones est toujours quelque peu entêté et sûr de lui à l'excès, mais j'ai toute confiance qu'il ne se laissera pas guidé par ses défauts grâce à son intelligence et son bon jugement."

SOURCES PRINCIPALES:

Illustrations américaines et britanniques: T3I Reader's Site (The Stories).
Illustrations françaises: Scribd (Utilisateur: Claudefermas) (éd. 1967)/Series Book Art (ed. 1977)/Exemplaire personnel (éd. 1982).

Commentaires

  1. Waow! good job, n'empêche! Très bonne série à partager et à faire découvrir! Dès que j'aurai "enfin" fini de compléter et lire la série, je sens qu'ici (l'impression après avoir survolé quelques articles) tout est là pour ensuite devenir incollable!

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